Après avoir été voir le Triptyque de Moulins, on traverse la rue pour aller juste en face voir un autre chef d'œuvre tout à fait différent...

La Maison Mantin

À sa mort en 1905, le riche bourgeois Louis Mantin lègue sa maison et les collections qu'elle renferme à la ville de Moulins, avec un souhait: "montrer aux visiteurs dans cent ans un spécimen d’habitation d’un bourgeois du 19e siècle".
Ouverte dés 1910, mais fermé dés l'entre-deux-guerres, elle n'a réouverte qu'en 2010 après près de 30 ans de restauration.

Conformément à la volonté de Louis Mantin, la maison nous offre un véritable voyage dans la vie bourgeoise du 19ème siècle. Le bâtiment et certaines pièces ont été inscrites Monument Historique en 1986.


( Source )

Un idée de l'intérieur de la maison:



Le Maison Mantin se trouve juste en face de la Cathédrale de Moulins:


( 46°34'01.34" N 3°19'50.08" E )

Vitraux de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude

En 1538, Louis II de Bourbon, duc de Montpensier, se marie avec Jacqueline de Longwy, fille du seigneur de Givry. A cette occasion, l'oncle de Jacqueline, le cardinal Claude de Longwy de Givry, évêque de Langres, offre les 11 vitraux et la rosace de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude - où a vraisemblablement eu lieu le mariage même si ce n'est indiqué nul par; rien ne précise non plus si les vitraux ont été installé avant ou après l'évènement -.
Comme son nom l'indique, la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude fait partie des dix chapelles construites (sept nous sont parvenues) sur le plan de la Sainte-Chapelle de Paris, soit par le roi, soit par un prince de sang royal - ce qui est le cas ici - pour s'inscrire dans la lignée de Saint-Louis. Celle qui nous occupe a été construite entre 1499 et 1570 par Louis de Bourbon, Prince de Roche-sur-Yon. 

Toutefois, la chapelle et ses vitraux sont passés plus d'une fois par la petite porte: en 1635, Richelieu rachète le château de Champigny-sur-Veule pour la raser car il fait ombrage à son château de Richelieu (dans la ville nouvelle de Richelieu). Toutefois, la pape Urbain VIII lui-même s'opposera a la destruction de la chapelle car il y a officié.
À la Révolution, les vitraux sont partiellement décelés. La chapelle est rachetée en 1793 par Monsieur de Quinson qui fait remettre en place les verrières mais avec quelques erreurs. Il faudra attendre leur classement en 1840 au Monument Historique et la restauration de 1864 pour les remettre dans l'ordre.
Déposé une nouvelle fois en 1940, les vitraux seront restaurés par Jean-Jacques Gruber. La dernière restauration date de 1974 et 1975.

Les verrières racontent trois histoires superposées:
- En haut, des scènes de la Passion du Christ;
- Au centre, des scènes de la vie de Saint-Louis.
- En bas, à partir du couple de Louis IX et de Marguerite de Provence dans l'axe, les couples formant la généalogie des ducs de Bourbon-Montpensier.

Si l'auteur des vitraux reste sujet à discussion, le fait d'avoir conservé intact l'ensemble des vitraux réalisés pour la chapelle au moment de sa construction est un cas rare. En outre, ces vitraux traduisent l'espoir des Bourbons de revenir sur le trône de France dont ils ont été écartés par François Ier suite à la trahison du connétable Charles III de Bourbon (ce qui sera chose faite en 1589 avec le sacre d'Henri IV).


( Source )


( Source )

Les vitraux se trouvent dans la Saint-Chapelle de Champigny-sur-Veude:


( 47°04'00.47" N 0°19.04.63" E )

Le Grand Marionnettiste de Jacques Monestier

En 1986, Jacques Felix, fondateur du festival mondial des théâtres de marionnettes de Charleville-Mézières, souhaite créer un monument pour célébrer les 30 ans de l'évènement, 5 ans plus tard. C'est au cours d'un échange avec Jacques Monestier que nait l'idée du Grand Marionnettiste dont l'inauguration à eu lieu le 21 septembre 1991.

Le monument prend la forme d'un immense automate de 3 étages dont on ne voit que la tête, les mains et les jambes. Chaque heure, entre 10h et 21h, 12 scènes racontant l'histoire la légende des Quatre Fils d'Aymon apparaissent derrière un rideau et semblent animées par les mains du géant qui décrit la scène. En dehors de ses moment d'activité musicaux, la tête semble surveiller la place par de léger mouvements. 

Avec environ 10 mètres de haut et environ 5 tonnes, le Grand Marionnettiste est l'oeuvre majeur de Jacques Monestier par ses dimensions et sa complexité, consacrant un peu plus l'artiste comme un des principaux fabricants d'automate artistique de France. De plus, l'oeuvre est devenu un passage obligé pour les visiteurs de Charleville-Mézières. 

L'oeuvre est à retrouver ICI sur le site de l'artiste.


( Source )



Le Grand Marionnettiste se trouve sur la façade de l'Institut international de la Marionnette:


( 49°46'20.85" N 4°43'18.44" E )

Le taureau d'Avigney

En 1756, est découvert dans un champ d'Avigney-Virey une sculpture de taureau en bronze. C'est l'élément le plus remarquable trouvé sur ce qui était probablement un ancien sanctuaire (le reste ne se compose que de quelques ruines, traces de fondations, tuiles et monnaies).
Il est acheté par Antoine-Clériade de Choiseul-Beaupré puis passe par succession au vicomte Ferdinand Chifflet. Il est finalement acquit par la Ville de Besançon le 11 février 1873 pour son musée des beaux-arts. Il faut attendre les années 1980 pour qu'une copie soit restituée à son village d'origine.

Le taureau mesure 78cm de long, 48 de haut et 20 de large. Il est en bon état à l'exception des pattes: il ne lui reste que la patte arrière droite. La statue est en bronze composée de 7 éléments soudés avec un alliage de cuivre.
Son réalisme dénote d'une influence romaine; toutefois, sa troisième corne centrale montre bien qu'il s'agit de la divinité gallo-romaine Tarvos triganus.

Le taureau à trois cornes d'Avigney est le plus grand et le mieux conservé de la trentaine de taureau connus présentant cet attribut. Par sa qualité et son état de conservation, il montre clairement les interactions qui se sont tisser entre les romains et les gaulois (tout comme le (Dieu) guerrier gaulois de Saint-Maur):


( Source )


( Source )

La statue est conservé au Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon:


( 47°14'24.86" N 6°01'25.28" E )

Triptyque du Buisson ardent de Nicolas Froment

En 1475 et/ou 1476, le roi René commande un retable au peintre Nicolas Froment (son peintre en titre) pour orner le retable au-dessus de sa tombe dans le Couvent des Grands-Carmes. Le couvent ayant été détruit durant la Révolution, le retable est installé à la Cathédrale Saint-Sauveur en 1808. Après sa dernière restauration, il est déplacé dans la chapelle Saint-Lazare de la même cathédrale en 2011.
Il est classé Monument historique à titre d'objet depuis le 14 juin 1898.

La partie centrale représente Moïse se déchaussant face à la vision du buisson ardent. La présence d'un ange et de la vierge parait incongrue - la vierge est carrément postérieur à Moïse et donc absente de cet épisode de l'ancien testament - mais un texte dans le bas du cadre permet de comprendre: un parallèle est fait entre le buisson qui ne se consume pas et l'immaculée conception. L'ange, lui aussi une intention de l'artiste, contrebalance Moïse pour assurer la symétrie du panneau et porte un médaillon sur lequel sont représentés Adam et Eve (dont la vierge a racheté le péché). La signification complexe nécessite de se plonger dans les différentes sources (mais un peu trop compliqué à résumer ici).
À l'arrière de cette scène, on peut voir à droite probablement la ville d'Avignon et à gauche, probablement le château de Saumur qui était la propriété du Roi René.
Sur les volets ouverts, à gauche, se trouve le Roi René accompagné par Marie-Madeleine, Antoine le Grand et Maurice d'Anjou portant la bannière de l'ordre du Croissant fondé par le roi lui-même; et à droite, la Reine Jeanne de Laval accompagnée par saint Jean, sainte Catherine d'Alexandrie et saint Nicolas. 
Au revers des panneaux latéraux fermés se trouve une annonciation en grisaille.

En plus de ses dimensions importantes (308cm de haut et 410cm de large sans les cadre), sa qualité et son bon état de conservation, le triptyque est la synthèse des influences flamande - rendu minutieux des détails, sévérité des personnages,... - et italienne - jeu de clair-obscur, représentation filiforme des arbres,...- du peintre dont peu d'oeuvres lui sont connues ou attribuées:


( Source )


( Source )

Le retable se trouve dans la Chapelle Saint-Lazard de la Cathédrale Saint-Sauveur de Aix-en-Provence:


( 43°31'54.35" N 5°26'48.94" E )

Les étoiles jaunes de la synagogue d'Elbeuf

Le 29 mai 1942, malgré la désapprobation du gouvernement de Vichy qui n'est pas sourd au refus de l'opinion publique, la 8ème ordonnance allemande impose le port de l'étoile jaune aux juifs. Ce n'est toutefois là qu'une étape de plus dans les persécutions qui ont commencées en 1940, mais peut-être les plus visibles car plus personne ne peut les nier. 
Elles s'inscrivent dans une volonté de persécution qui préparent la population aux étapes suivantes: si les rafles avaient déjà commencés le 27 mars 1942, la Rafle du Vél'd'hiv du 16 juillet 1942 marque véritablement la tentative d'effacement totale de la présence des juifs sur le territoire. 

C'est probablement durant l'année 1942 que des étoiles jaunes ont été peintes sur la façade arrière de la synagogue d'Elbeuf.
Sur les 8 croix peintes à l'époque, 4 ont disparues lors de l'effacement de tags antisémites qui ont dégradés l'édifice au fil des années. Le 18 juin 2014, une plaque a été inaugurée pour qui attire l'attention sur ses croix.

Même si c'est un petit témoignage, il semble que ces quatre croix soient les dernières peintes sur une façade encore visibles dans l'espace public en France.

(Les deux croix visibles si dessous ont été effacées avec le tag rouge qui les a recouverte en 2015):


( Source )

Les croix sont au centre du documentaire "Yellow Stars of tolérance":



Les étoiles se trouve du côté gauche de la façade arrière de la synagogue d'Elboeuf:


( 49°17'24.11" N 1°00'28.03" E )

Décors du Château de Roquetaillade

En 1864, Lodois de Mauvesin et son épouse décident de rénover l'intérieur du château de Roquetaillade. Sur les conseils d'un ami de la famille, Léo Drouyn, le couple fait appel à Viollet-le-Duc. Le travaux s'étalent de 1864 à 1878 - avec une interruption après la chute de Napoléon III en 1870 - mais Viollet-le-Duc ne viendra que deux fois à Roquetaillade: il délègue les travaux à un de ses élèves, Edmond Duthoit.

Viollet-le-Duc trouve dans ce projet l'occasion d'enfin appliquer sa vision de ce que doit être la restauration d'un édifice, vision qui peut se résumer par sa célèbre citation: "Restaurer un édifice, ce n'est pas l'entretenir, le réparer ou le refaire, c'est le rétablir dans un état complet qui peut n'avoir jamais existé à un moment donné." Son but était donc de créer un décor totalement imaginaire mais pétri de référence à l'art gothique et de la renaissance tout en y intégrant les impératifs de l'époque. 
Si le château fait partie de la toute première fournée de classement en 1840 sous la direction de Prosper Mérimée, les décors intérieurs ainsi que ceux de la chapelle ont seulement été classés Monument Historique le 12 octobre 1976.

Le château de Roquetaillade est l'unique restauration où Violet-le-Duc a pu appliquer ses idées jusqu'au bout et réaliser une oeuvre d'art total. C'est donc un témoignage exceptionnel de sa vision de ce que devait être la restauration d'un monument historique, un sujet alors en pleine débat. Leur auteur prestigieux, la qualité et l'état de conservation de ses décors justifient qu'il s'agit de l'un des rares ensembles d'art décoratif a avoir été classé Monument Historique.

Le château, qui appartient toujours à la même famille depuis un peu plus de 700 ans, se visite (sinon, je n'en parlerais pas  ): ICI


( Source )

Détail d'une poutre de la chapelle du château, de style d'inspiration mauresque:


( Source )




Les décors se trouvent dans le Château de Roquetaillade:


( 44°29'38.59" N 0°16'05.69" W )

Vitrail des Triomphes de Pétrarque à Ervy-le-Châtel

En 1502, Jehanne Leclerc, inconsolable après le décès de son mari Pierre Girardin, offre un vitrail pour l'église Saint-Pierre-ès-Liens de Ervy-le-Châtel. Mais le sujet à de quoi surprendre: "Les Triomphes" de Pétrarque. Le texte, profane, a été terminé en 1374 et un des plus grands succès littéraires de la Renaissance. Six "triomphes" sont symbolisé au centre: en haut, le triomphe de la Renommée, de l'Éternité et du Temps; en bas, le triomphe de l'Amour, de la Chasteté et de la Mort. Au dessus, la trinité, la vierge et les 4 symboles des évangélistes; en dessous, les donateurs en habits de deuil encadrant une vierge à l'enfant.

Si l'auteur du vitrail n'est pas connu, le vitrail de Ervy-le-Châtel est le seul connu à représenter cet immense succès littéraire sur verre. 

Malheureusement, on en saura pas plus: aucune source ne décris l'oeuvre et son iconographie complexe. 
On peut seulement préciser que la baie est complétée par deux autre vitraux dont celui de droit était manquant. Il a été créé par Flavie Serrière-Vincent-Petit lors de la restauration qui s'est achevée en 2020:


( Source )


( Source )

Détail du triomphe de la Chasteté:


( Source )

Le vitrail se trouve dans le transept Sud de l'église Saint-Pierre-ès-Liens de Ervy-le-Châtel:


( 48°02'25.07" N 3°54'45.95" E )

La Vierge au manteau 

Vers 1400-1410, le couvent des carmes du Puy-en-Velay commande à un atelier parisien une peinture à la détrempe - pigments et colle - sur toile. L'oeuvre représente la Vierge tenant le christ dans ses bras, et dont le manteau est soutenu par ses deux demi-sœurs dont les enfants sont visibles derrière le manteau: à gauche, Marie Salomée, mère de Jacques-le-Mineur et l'apôtre Jean; à droite, Marie Jacobé, mère de Jacques le mineur, Joseph le Juste, Jude et Simon. 
Aux pieds de la vierge, 28 personnages représentent la diversité de la population sous sa protection: à gauche les ecclésiastiques; à droite, les laïques. Si il s'agit probablement de représentations anonymes, le troisième personnage en partant de la droite, en tenue blanche bordée de rouge - les couleurs de la Maison de Polignac - pourrait être le Vicomte de Polignac. C'était à l'époque la seule personne assez riche au Puy-en-Velay pour payer une telle oeuvre et qui pourrait être le mécène de l'oeuvre.

L'oeuvre, dont la destination d'origine n'est pas connue - l'hypothèse principale est quel pourrait être un décor d'autel - n'a fait l'objet d'aucun repeint et a toujours été conservée au couvent des carmes. Ce n'est qu'au XIXème siècle où elle fait son entrée au Musée Crozatier du Puy-en-Velay.

En plus de sa qualité et son état de conservation, cette peinture est la plus ancienne peinture sur toile conservé dans un musée en France (cela sous-entendrait l'existence d'autres œuvres sur toiles plus anciennes en France, mais aucune source ne le précise).

Je vous renvoie vers le site du musée ICI ou la vidéo de présentation de l'oeuvre ICI.


( Source )

La peinture se trouve au Musée Crozatier:


( 45°02'18.37" N 3°53'00.71" E )

Le Canot de l'Empereur

En 1810, l'Empereur Napoléon 1er souhaite visiter l'arsenal d'Anvers - dont il a ordonné la construction quelques années plus tôt (avec l'ambition secrète d'attaquer l'Angleterre par la suite). Pour l'occasion, une embarcation d'apparat va être réalisée par l'arsenal dans le plus grand secret. Les plans sont réalisés par l'ingénieur Guillmard, la construction par le maître Théau et la sculpture, par Van Petersen. L'exécution est particulièrement rapide: elle est prête en 21 jours.

L'embarcation, de style vénitien, fait 19,04m de long, 3,70m de large et 5,45m de haut. Elle est mû par deux rangées de 11 rames et le roof arrière est surmonté d'une couronne soutenue par 4 angelots (même si il n'en fut pas toujours ainsi, voir ci-dessous).

Après l'entrée triomphale du couple impérial - Napoléon 1er et l'impératrice Marie-Louise - le 30 avril 1810 Anvers, le canot est envoyé à Brest en 1814 où sa décoration est légèrement modifiée: la statue de Neptune à la proue est remplacée par un aigle impérial. Il est modifié une seconde fois en 1858 pour la venue de Napoléon III et l'impératrice Eugénie: il retrouve une statue de Neptune sur sa proue et prend sa forme actuelle avec l'ajout de la couronne soutenue par les angelots.

Destiné à l'oubli, et pire encore, à disparaitre dans les bombardements du port de Brest, le canot va pourtant profiter d'un énorme coup de chance: en pleine deuxième guerre mondiale, le Musée de la Marine est en construction au Palais de Chaillot et il est décidé d'en faire la pièce maîtresse. Le 9 mai 1943, il quitte Brest sous la protection des autorités allemandes pour un voyage de 8 jours vers Paris. Mais à l'arrivé, un problème se pose: aucune baie n'est assez grande pour le faire rentrer! Il faut attendre août 1945 pour qu'une brèche soit ouverte dans un mur et que le canot rentre enfin au musée. 

Après des décennies de tergiversations et de discutions, c'est à l'occasion de la rénovation du Musée de la Marine dès 2017 (et donc la possibilité de faire à nouveau un trou dans un mur!) qu'il est finalement décidé de renvoyer le canot à Brest en 2018. Il y subit une deuxième restauration à son arrivée (la première ayant eu lieu au musée entre 2001 et 2003).

Au-delà de cette histoire tumultueuse, le canot de l'empereur est le seul bateau d'apparat conservé en France, qui plus est en bon état.

Je vous renvoie vers la page du Musée de la Marine, qui semble toujours en être le propriétaire, qui parle de l'embarcation ICI.


( Source )


( Source )



Le canot est exposé depuis 2018 dans l'atelier des Capucins à Brest: 


( 48°23'21.26" N 4°29'57.86" W )

Décors de l'Hôtel Pams

En 1849, Jean Bardou fonde la marque de papier à cigarette JOB. Dès 1852, son fils, Pierre Bardou, achète une demeure dans le centre de Perpignan. À sa mort en 1892, sa fille et son époux, Jules Pams, héritent du bâtiment et se lancent dans des travaux de transformation en hôtel particulier de 1896 à 1902, avec le concours de l'architecte Léopold Carlier.
L'hôtel est vendu à la ville de Perpignant en 1946, classé au titre de monument historique en 1989 et partiellement classé en 2017.

Avant d'aller plus loin, une parenthèse me semble intéressante: la Collection JOB. De 1895 à la première guerre mondiale, le marque se lance dans un grand projet de mécénat où elle invite des artistes à réaliser des affiches publicitaires, calendriers et cartes postales pour la marque. De toutes les oeuvres produites, deux restent aujourd'hui encore très connues: "la femme blonde" pour le calendrier de 1897 et "la femme brune" pour l'affiche de 1898 de Alfonse Mucha.
La collection JOB donne une idée de l'importance de l'Art pour la société et explique peut-être la diversité et la richesse artistique de l'hôtel Pams. D'ailleurs, il est difficile ici d'en faire le tour tant il y a de pièces décorées et tant il y a d'artistes représentés.

L'hôtel présente un décor exceptionnel d'une demeure bourgeoise du tournant du XIXème et XXème siècle.


( Source )


( Source )



Les décors se trouvent dans l'Hôtel Pams à Perpignan:


( 42°41'52.91" N 2°53'53.79" E )

Décors de l'Aubette de Strasbourg

En 1922, les frères André et Paul Horn deviennent concessionnaires de l'aile droite de l'Aubette: ils ambitionnent d'en faire un complexe de loisir moderne. De 1922 à 1926, Paul réalise les plans intérieurs du bâtiment avant de les confier à Jean Arp et son épouse Sophie Taeuber-Arp pour la décoration intérieure. Le couple décide de s'adjoindre l'aide de leur ami Theo van Doesburg, architecte et peintre fondateur du mouvement De Stijl en 1917, et même d'en faire le chef de projet. C'est véritablement avec lui que comment les travaux qui vont s'étaler de septembre 1926 au 16 février 1928, date de son inauguration. 

Les trois artistes se répartissent les différentes parties du projet:
Au sous-sol, Jean-Arp s'occupe du caveau-dancing et le bar américain;
Au rez, Sophie Taeuber-Arp s'occupe du passage d'entrée, le salon de thé et l'Aubette-bar; Theo van Doesburg, le café-brasserie et le café-restaurent;
Entre le rez et l'étage, Jean-Arp s'occupe la salle de billard de l'entresol et Theo van Doesburg, de le l'escalier (en reprenant les couleurs de la salle de billard);
À l'étage, Theo van Doesburg s'occupe de la grande salle des fêtes et ciné-dancing, Jean-Arp et Sophie Taeuber-Arp s'occupent du foyer-bar qui sépare les deux.
Les décors sont modernes, caractérisés par des grands aplats de couleurs dénués de fioriture et souvent orthogonaux. Les styles des trois artistes sont toutefois perceptibles: des formes courbes pour Jean-Arp; des nuances de couleur et des répétitions pour Sophie Taeuber-Arp et les couleurs primaires et les non-couleurs - blanc, gris et noir - pour Theo van Doesburg.

Bien que le succès soit au rendez-vous, les frères Horn rajoutent rapidement des éléments parasites à la demande des clients qui trouvent les lieux trop froids. En 1938, les décors déjà défraichis sont recouverts et tombent dans l'oubli. Ils sont redécouverts dans les années 1970 et classés Monuments Historiques: le ciné-dancing et l'escalier en 1985; le foyer-bar et la salle des fêtes en 1989.

Ces quatre pièces sont les ultimes reliques d'un ensemble moderne comme peu nous sont parvenu, qui plus est signé de trois noms prestigieux. De plus, le ciné-dancing de Theo van Doesburg est une des réalisations majeures du mouvement de Stijl (et la seule à ne pas être au Pays-Bas comme le Café De Unie et la Maison Schröder).

Je vous renvoie vers le site des Musées de la ville de Strasbourg: Aubette 1928


( Source )

La salle des fêtes:


( Source )

L'escalier: 



Le foyer-bar:


( Source )

Les décors se trouvent dans l'aile droite de l'Aubette à Strasbourg: 


( 48°35'01.81" N 7°44'46.01" E )

L'un des plus beaux topics du forum.
L'encyclopédie de l'art et de l'histoire d'Okapi07.
A découvrir, à redécouvrir, régulièrement alimenté de nouveautés
On ne l'a jamais mis à l'honneur du portail .
C'est chose faite sur décision de notre Ivanovitch.
Un sommaire tout beau tout neuf sera ajouté (avec l'accord de l'auteur, évidemment).
çà, c'est ma décision à moi.

Bonne lecture. Faut regarder, et c'est beau à voir, mais faut lire aussi, et çà devient très instructif si on fait les deux.

Merci Owen et Ivano. 

Il me semble à vrai dire que c'est la deuxième fois que ce topic a l'honneur de figurer sur le portail, mais c'est une belle reconnaissance pour le travail - pas encore fini - qui a commencé il y a... 8 ans  Ça va vite  
Le patrimoine mobilier est toujours une partie du patrimoine moins mise avant et je tente à la fois de mettre en lumière quelques chefs d'oeuvre - bon d'accord, on a dépassé les 200! - et aussi de les rendre accessible - pour chaque chef-d'œuvre, le dernier paragraphe tente d'indiquer clairement pourquoi il est remarquable, information qui est souvent manquante, peu claire ou peu justifié -. 

Bref, il me reste encore beaucoup sous le pied... (Et pour Ivano: il y a un KMZ qui est complété au fur et à mesure que des chefs-d'œuvre sont ajoutés sur le topic )


Tour du Saint-Sacrement de Zoutleeuw

Une tour du Saint-Sacrement ou théothèque est un mobilier liturgique prenant la forme d'un immense ostensoir-tour en pierre servant à contenir des hosties consacrées et dont le décor souligne l'importance de ce qu'elle renferme. Généralement placées contre le mur Nord du choeur, les plus anciennes remontent au XVème siècle et elles disparaissent avec le Concile de Trente (1547-1563) qui modifie la façon de présenter le saint-sacrement. La majorité de celles qui subsistent se trouvent en Belgique (l'IRPA en compte un peu moins de 30) mais aussi aux Pays-Bas, en France, en Allemagne, en Pologne et en Autriche. 

Celle de l'église Saint-Léonard de Zoutleeuw a été offerte par l’écuyer Maarten van Wilre, seigneur d'Oplinter, et de sa femme Maria. La commande est bien documentée: elle a été payée en 1550 et inaugurée pour la Pentecôte 1552. Elle est l'oeuvre de Cornelis II Floris de Vriendt dont il s'agit d'une de ses plus grande réalisation (aussi bien en qualité qu'en hauteur!):réalisée en grès blanc d'Avesnes, elle culmine à 18m et ses 9 étages accueille près de 200 personnages dans un décor renaissance d'une grande richesse. 

Par ses dimensions records - elle dépasse de 6m la deuxième plus haute tour connue -, la richesse exceptionnelle de son programme iconographie et son état de conservation, elle a été classée Topstukken de la Communauté flamande en 2016 (protection pour les objets mobiliers), ce qui porte à 21 le nombre d'oeuvres classées dans cette église - une concentration exceptionnelle pour une église -. 
N.B.: la balustrade de cuivre qui protège l'oeuvre a été réalisée séparément, probablement juste après la construction de la tour. Mais en plus d'être un exemple rare de grande dinanderie du milieu du XVème siècle, elle forme un ensemble cohérent avec la tour, ce qui lui a valu d'être classé Topstukken avec:


( Source )


( Source )


( Source )

La tour du Saint-Sacrement se trouve dans le transept Nord de l'église Saint-Léonard de Zoutleeuw (dont le beffroi à la croisée de transept est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO):


( 50°49'59.08" N 5°06'11.39" E )

Grand foudre d'Émile Gallé

En 1903 (ou 1904 selon les sources mais c'est moins probable), la maison Pommery commande à Émile Gallé et ses collaborateurs la façade d'un grand foudre d'une capacité de 75000 hectolitre (ou 100000 bouteilles) pour être exposé à l'Exposition universelle de 1904 à Saint-Louis (Missouri). 

L'oeuvre symbolise l'amitié franco-américaine: la façade représente une vigneronne champenoise - la silhouette de la cathédrale de Reims se découpe à l'horizon en bas à gauche - tendant une coupe de champagne à la personnification de l'Amérique, assise sur le dos d'un sphinx à tête d'indien. Au sommet, la Génie du commerce, assise, est encadré par la silhouette de la Statue de la Liberté à gauche et celle d'un bateau à droite.
L'ensemble est réalisé dans 10 essences de bois différentes et a couté 37000 franc-or (soir 123600€ en 2004). La structure du foudre est réalisé par la Maison Fruhinsholz. 

Cette réalisation est la dernière d'Émile Gallé: l'expo universelle ouvre le 30 avril et l'artiste meurt le 23 septembre. Elle tient aussi une place à part dans son oeuvre car elle semble être la seule grande sculpture qu'il ait réalisé. Par contre, qu'on lui ait passé commande pour une réalisation aussi prestigieuse montre bien la reconnaissance dont il jouissait à la fin de sa vie.


( Source )


( Source )

Le grand foudre est conservé dans le hall d'accueil de la Maison Vranken-Pommery à Reims, le bâtiment le long du Boulevard Vasnier:


( 49°14'33.25" N 4°03'05.00" E )