Le trophée augustéen

(Les infos sont très parcimonieuses... pour ne pas dire carrément laconiques concernant ce trésor!). 
En 1926, au cours des fouilles du site de Lugdunum Convenarum de Saint-Bertrand-de-Comminges, on met au jour les fragments d'un "trophée", monument antique célébrant une victoire militaire.

Parmi toutes les découvertes faites à l'époque, 134 fragments nous sont parvenus et sont aujourd'hui conservés au Musée archéologique départemental de Saint-Bernard-de-Comminges.
Les éléments peuvent être séparés en trois groupes: un trophée maritime et deux trophées maritimes. Ils datent approximativement de 16 avant notre ère et commémorent la bataille navale d'Auguste à Actium en 31 avant notre ère.

Même si ce type de monument était commun dans les villes de l'Empire et que celui de Saint-Bernard-de-Comminges est très fragmentaire, il est l'ensemble le plus complet et le mieux conservé du monde:


( Source )

Statue de la jeune barbare captive (ou du moins ce que les sources s'accordent pour désigner comme telle), la statue la mieux conservée de l'ensemble:


( Source )

Les fragments du trophée sont conservés au Musée archéologique départemental de Saint-Bernard-de-Comminges:


( 43°01'35.93" N 0°34'13.51" E )

Retable d'Issenheim

Commandé par Guy Guers, précepteur de la commanderie Saint-Antoine d'Issenheim de 1490 à 1516, le retable d'Issenheim est le travail de deux artistes très réputées à cette époque: Nicolas de Haguenau (pour la partie sculptée) et Matthias Grünewald (pour les panneaux peints).

Le retable se compose de 3 parties:

-Le retable fermé: représentant une crucifixion entourée par Saint Sébastien à gauche et Saint Antoine à droite surmontant une déposition;
-La première ouverture: découvrant une annonciation, un concert d'anges, une nativité et une résurrection;
-La seconde ouverture: découvrant la partie sculptée, encadrée par la visite de Saint Paul à Saint Antoine à gauche et la tentation de Saint Antoine à droite.

Incontestablement, le retable d'Issemheim est l'une des plus grande oeuvre d'art de France par sa qualité, sa taille, son état de conservation et les deux noms prestigieux qu'il rassemble. Il est la synthèse du style Gothique et de la Renaissance, ainsi que la synthèse entre la méticulosité du rendu des primitifs flamand et le caractère expressif et physique allemand.

Vous en apprendrez plus sur le site du Musée Underlinden >>>ICI<<<

Le retable fermé:


( Source )

La première ouverture:


( Source )

La seconde ouverture:


( Source )

Le retable se trouve dans la chapelle du Musée Underlinden:


( 48°04'47.95" N 7°21'18.63" E )

Le beau Dieu de Sées

On ne sait rien de ce buste de marbre blanc: il est attribué à J.-J. Caffieri ou à l'atelier du Bernin, voir au Bernin lui-même. Dans le doute il est considéré comme "d'après le Bernin" et a été réalisé vers 1680. 

Le buste a été classé Monument Historique à titre d'objet en 1904.


( Source )


( Source )

Le buste se trouve à la Cathédrale Notre-Dame de Sées:


( 48°36'18.68" N 0°10'21.58" E )

Bien vu Okapi, superbe!!!

-

Le Noratlas N°105

Le "Nord 2501", dit "Noratlas", est un avion de transport militaire français bipoutre (un avion dont les gouvernes de queue sont reliées aux ailes par des longerons). Il a effectué son premier vol en 1949 et a été mis en service de 1953 à 1986.
426 appareils ont été construits. Après la date de retrais, les avions ont progressivement été retirés du service mais il en resterait encore quelques uns en état de vol (contrairement à ce qu'affirme certaines sources; même si il est impossible de prouver un par un que tous les 425 autres sont cloués au sol), dont le N°105 aujourd'hui basé à l'aéroport Marseille-Provence à Marignane.

Le Noratlas N°105 a volé pour la première fois le 24 mai 1956 et est toujours en état de vol aujourd'hui. Cela en qui en fait le dernier exemplaire français de cet avion important dans l'histoire de l'aviation militaire française. Fort de cette particularité, l'association "Le Noratlas de Provence" s'est créé autour et oeuvre pour sa restauration depuis les années 1990. La plus grande victoire de l'association a été de parvenir à le faire classer Monument Historique le 26 février 2007 (il n'y a actuellement que 19 avions classés MH en France):

Le Noratlas N°105 visible à l'aéroport Marseille-Provence à Marignane:


( 43°26'13.13" N 5°12'09.55" E )


( Source )

La Brasserie à vapeur de Pipaix

En 1785, Cosne-Damien Cuvelier et Marie-Alexandrine Moulin ajoutent une petite brasserie domestique à leur ferme pour les travailleurs saisonniers. Avec le temps, la petite production est commercialisée et fini par devenir plus rentable que la ferme.
C'est à un de leurs descendants, Ferdinand-Joseph Cuvelier que nous devons la modernisation de la brasserie en 1895: il fait installer une machinerie à vapeur fabriquée dans les Ateliers de construction mécanique Myrtil Duez à Quaregnon, spécialisés dans les installations complète de brasserie. C'est dès cette période que l'établissement commence à utiliser l'appellation "Brasserie à vapeur".
Après 5 générations de Cuvelier, l'arrivée de Gaston Biset en 1926 annonce une nouvelle phase de modernisation avec le remplacement des fûts de chêne par des cuves en aluminium ou en cuivre et l'installation du matériel nécessaire à l'embouteillage. Mais dès les années 1950, les installations ne subissent plus de changements majeurs.
En 1984, Jean-Louis Dits et Anne Marie Lemaire rachètent la brasserie (dont ils sont clients depuis longtemps) car ils ne peuvent se résigner à la voir être démolie. Ils vont conserver le matériel en état et faire la promotion de cette infrastructure unique en Wallonie.

Si il est certain qu'une telle infrastructure est unique en Wallonie (on a pas de précision au delà), il est peu probable qu'il en existe un autre aussi ancienne, aussi complète et toujours en état de marche ailleurs.

La brasserie se visite, et il est possible de suivre les étapes de la réalisation d'un brassin une fois par mois: www.vapeur.com
Visite virtuelle ICI.


( Source )




( 50°35'03.03" N 3°34'4.29" E )

L'installation a incontestablement plus de valeur que la production. D'ailleurs, ne comptez jamais sur moi pour faire l'apologie de l'alcool et sa consommation...

D'ailleurs, allons dans une région viticole... pour parler de tout à fait autre chose


Le siège de Rhode par les turcs en 1480

Commandé par le roi Louix XI et Antoine d’Aubusson, il était destiné à la Cathédrale Notre-Dame de Paris... mais jugé indécent, il n'a finalement jamais été installé. Aucune source n'explique toutefois comment il a fini par être légué par Claude Chandon de Briailles au musée d’Epernay en 1916, ni pourquoi un siècle après, il trônait dans le bureau du maire d'Épernay jusqu'en 2017!

Le tableau, initialement sur bois puis transféré sur toile, nous montre une perspective cavalière de la ville de Rhode assiégée par l'armée ottomane en 1480. Le conflit ayant duré 3 mois, plusieurs épisodes différents sont représentés simultanément. Il se termine par la victoire de l’ordre de St Jean de Jérusalem qui défend la ville (avec à sa tête Pierre d'Aubusson, le frère d'Antoine).
Le texte en latin sur le cadre décrit la scène et plusieurs miracles survenus durant l'épisode, dont l'apparition de la vierge visible dans le ciel).

Si le peintre n'est pas connu, il est certain qu'il s'agisse qu'un primitif flamand vu la technique utilisée. Un rapprochement a pu être fait avec le "Maître du Cardinal de Bourbon", dont une miniature présente des similitudes.

Cet ex-voto, par sa qualité, son état de conservation et la précision de la scène présente une valeur documentaire remarquable. Il a d'ailleurs été classé à titre d'objet le 5 octobre 1923.


( Source )


( Source )

Le tableau se trouve au Musée du vin de Champagne et d'Archéologie régionale:


(49°02'34.47" N 3°57'41.29" E)

C'est probablement le chef d'oeuvre dont l'état de conservation est le plus inquiétant...

"Round balance" de Tanya Preminger

Dans le cadre d'un festival en 2008, l'artiste israélienne Tanya Preminger réalise une oeuvre en terre qui se compose d'un cercle de 9m de diamètre incliné, qui se soulève (et se creuse) de 1m60 (les 2m60 indiqués sur le site de l'artiste me semble peu probable...). L'oeuvre a été creusé à la pelleteuse, puis égalisée à la pelle, au râteau et la règle avant d'être recouverte de gazon. Elle illustre le principe de Lavoisier, où tout ce qui a été retiré d'un côté est réutilisé de l'autre. 

Tanya Preminger n'est pas une inconnue dans le Land Art, c'est même dans ce média qu'elle a le plus marqué l'histoire de l'Art.
Cette oeuvre est l'une des deux seules de ce médium située en France, et la plus représentative de son oeuvre. Malheureusement, vu le matériau utilisé, elle est fragile et se dégrade depuis... D'autant qu'elle semble avoir été totalement oubliée vu son environnement (derrière une clôture partielle, une cabine électrique et une bulle à verre!).

L'artiste assise sur son oeuvre du temps de sa splendeur:


( Source )

L'oeuvre se trouve à la sortie de Saint-Flour, près du stade municipal:


( 45°02'26.58" N 3°05'11.89" E )

C'est original!!!

 

-

Notre TOUR DE FRANCE passant au Havre...

"Le Pardon de Sainte-Anne-la-Palud au fond de la baie de Douarnez" de Eugène Bourdin

Durant l'été 1857, le peintre Eugène Bourdin séjourne en Bretagne (il s'y passionne pour la vie simple des habitants qu'il a découvert l'année précédent et dont il profitera encore l'année suivante). Il y assiste au Pardon de Sainte-Anne-la-Palud, un gigantesque pèlerinage, à la fois fête religieuse et populaire. Le peintre y voit un sujet à peintre en vue de le présenter au Salon et réalise plusieurs croquis (en privilégiant le caractère profane, conforme aux goûts de l'époque).

Au premier plan, un grand nombre de personnages (aux tenues et coiffes soignées) vaquent à leur occupations dans des scénettes prosaïques; au second plan, l'ancienne chapelle Sainte-Anne-le-Palud ("ancienne" car elle sera reconstruite en 1863-1864); et dans le fond, la colline est couverte d'une masse indistincte de pèlerins.  

L'oeuvre est présentée en 1859 au Salon de Paris où elle marque le début de la notoriété pour Eugène Bourdin. La ville du Havre, qui soutient l'artiste depuis 1851, fait l'acquisition du tableau en 1860 pour la somme de 500 francs (un prix très élevé, car à l'époque, un paysage s'achète aux alentours de 50 francs!).

Formidable témoignage de la tradition religieuse et profane du Pardon de Sainte-Anne-la-Palud, le tableau marque surtout le point de départ de la carrière d'Eugène Bourdin. Il est aussi son dernier tableau figuratif, marquant la fin de ses années de formation, car ses envois suivants au Salon seront ses marines et des scènes de plage (qui feront sa réputation). Le tableau marque enfin le lien entre le peintre et la ville du Havre.

Il est possible de découvrir le tableau en détail sur le site internet du MuMa: ICI


( 49°29'06.66" N 0°06'09.75" E )


( Source )

Le tableau se trouve au MuMa au Havre:


( 49°29'05.13" N 0°06'10.45" E )

La mise au tombeau de Ligier Richier

De 1554 à 1564, le sculpteur Ligier Richier réalise une mise au tombeau (qui complète l'église Saint-Étienne de Saint-Mihiel dont les travaux se sont terminés en 1545).

Le "Sépulcre de Saint-Mihiel" se compose de 13 personnages légèrement plus grand que nature sculpté en pierre d'Euville extraite à Saint-Mihiel:
- À l'avant, le corps du christ, soutenu par Joseph d'Arimathie, Nicodème et Marie-Madeleine;
- À l'arrière, la vierge en pamoison soutenue par Saint-Jean et Marie Cléophas contre laquelle se tient un ange portant la croix ;
- Autour, Salomé couvrant le tombeau d'un linge, Sainte-Véronique tenant la couronne d'épine, deux soldats jouant aux dés et un centurion.

Incontestablement, la mise au tombeau de Saint-Mihiel est le plus grand chef d'oeuvre de Richier. Elle est d'autant plus émouvante qu'elle est sa dernière oeuvre française avant son départ pour Genève - il venait en effet de se convertir au protestantisme.
Si la qualité exceptionnelle de l'oeuvre est unanimement reconnue depuis sa création - il figure sur la première liste des Monument Historique de Prosper Mérimée en 1840 comme monument pour lequel des secours ont été demandés - le classement comme Monument Historique n'est intervenu qu'en 1907 (avec l'église).


( Source )


( Source )

Détail de la tête de Marie Cléophas. Notez la finesse des détails:


( Source )

La sculpture se trouve dans l'église Saint-Étienne de Saint-Mihiel:


( 48°53'14.35" N 5°32'49.23" E )

Superbe, okapi!!

 

-

Fresques de Saint-Pierre-les-Églises

Pendant très longtemps, on a cru que les fresques de l'église Saint-Pierre de Saint-Pierre-les-Églises dataient du XIIème siècle. Mais après la seconde guerre mondiale, Paul Deschamps, archiviste-paléographe et directeur du musée des monuments français, commence a émettre des doutes sur cette datation. En effet, les couleurs utilisées sont les mêmes que celle dans la crypte de l'abbaye de Saint-Germain à Auxerre (du milieu du IXème siècle) et le "g" du mot "Longinus" a une forme qui ne retrouve plus après le Xème siècle.
Mais il faut attendre 2005 et les datations carbone 14 réalisées par l'archéologue Bénédicte Palazzo-Bertholon pour confirmer qu'elles ont été réalisées "entre 782 et 984", ce qui en fait un des ensembles de fresques les plus anciennes de France.  

Les peintures sont réalisées selon la technique de la fresque: des ocres appliqués sur un enduit de chaux encore frais. 
Le programme picturale se déroule en trois registres: 
- un ciel étoilé qui couvre les voutes;
- le registre du haut, avec de gauche à droite, Marie Jacobé, la crucifixion, la visitation, la nativité et le bain de l'enfant
- le registre du bas (moins bien conservé), avec de gauche à droite (pour les scènes identifiées), la chevauchée et l'adoration des mages, le combat de saint-Georges contre le dragon.
La crucifixion est la scène la mieux conservée. À gauche du christ, est représenté Longin le Centurion - qui donne un coup de lance dans les côtes du christ pour vérifier qu'il est mort - dont le nom latin "Longinus" noté à côté a permis de déterminer l'ancienneté de l'ensemble.

La récente datation a permis de mettre en lumière qu'il s'agissait d'une des seules fresques carolingiennes de France et peut-être même la plus ancienne. 


( Source )


( Source )



Les fresques se trouvent dans l'église Saint-Pierre de Saint-Pierre-les-Églises:


( 46°33'16.09" N 0°38'05.78" E )

Collection d'Outil de la Maison de l'Outil et de la Pensée Ouvrière

À la fin de sa formation chez les jésuites en 1947, Paul Feller est ordonné prêtre et demande à exercer dans une paroisse à forte densité ouvrière. C'est ainsi que de fil en aiguille, en 1953, il est aumônier en second des ateliers-écoles de la Chambre de Commerce de Paris. Le directeur, André Conquet, le met en relation avec Michel Ragon qui l'aidera à concrétiser un projet de bibliothèque spécialisée sur les métiers.

Sa collection, commencée en 1957 (ou 1958), rassemble des outils et des livres dont un Vitruve de 1572 et l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert dans sa première édition (en 35 volumes). Conscient de son importance, il cède sa collection en 1969 aux Compagnons du devoir qui vont continuer à l'enrichir. La consécration arrive le 15 juin 1974 avec l'inauguration de la Maison de l'Outil et de la Pensée Ouvrière de Troyes qui l'expose et la rend accessible.

Avec 12000 pièces (et 32000 livres) du XVIIème, XVIIIème et XIXème siècle, cette collection d'outil de façonnage à la main est la plus grande de France et, selon certaines sources, du monde.




( Source )

La collection se trouve à la Maison de l'Outil et de la Pensée Ouvrière de Troyes:


( 48°17'41.03" N 4°04'22.68" E )

La cour intérieure est sympa !


48°17'40.74"N   4°04'22.83"E