Comme l'a indiqué et illustré Okapi, nous entrons en Seine et Marne.
Nous y perdons aussi l'appellation Nationale 7 qui nous est chère. Pour être précis, nous sommes sur la départementale 607. La loi de décentralisation de 2006 a déclassé une partie de son tracé dans le réseau départemental. Mais comme pour la Route 66, un système de panneautage Route Nationale 7 historique est prévu (déjà existant peut-être?) qui devrait faciliter le trajet des nostalgiques.

48°33'21.14"N 2°29'55.24"E


J'aime beaucoup la photo suivante: sortis du Val de Marne et de l'Essonne, se profile la France plus rurale. Une ligne droite interminable, des champs jaunes...le ciel bleu...un vieux panneau directionnel côté pile , et hop, une photo.
48°32'25.74"N 2°31'3.17"E


Et comme tous les ans, et de génération en génération, on fait un petit arrêt essence et pipi à la station Total, juste avant Pringy.

48°32'36.51"N 2°30'54.46"E

A Pringy justement, on fait une jolie rencontre: un splendide fourgon citroen type H.
Attention, les puristes n'accepteront jamais qu'on l'appelle un Tub, auquel il a succédé après guerre.
Il est le bienvenu dans ce topic celui-là, et il fallait déjà arriver à le trouver!! parce qu'il est connu pour avoir parcouru les communes de France, véhiculant les commerces itinérants: boulangers, bouchers, épiciers et bien d'autres, ceux qui arrivaient en klaxonnant dans les villages où ces commerces n'existaient pas ou plus .
Ce véhicule de notre enfance a cessé d'être construit en 1981.
Il a disparu naturellement de notre paysage routier, et un peu forcé aussi parce qu'au niveau consommation et pollution, il était d'une autre époque où notre ministre de l'écologie d'aujourd'hui se souciait de l'environnement comme de ses premières chaussettes.

48°31'30.37"N 2°33'29.79"E



source

wikipédia

J'ai adoré le Citroën type H !

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La Nationale 7 existait bien avant l'invention du moteur à explosion et des congés payés. C'était en effet une route royale, et je suis à peu près persuadé que c'était une voie romaine (les grandes lignes droites en pleine campagne, en principe, ça ne trompe pas).

Et on voit encore quelques bornes de cette route royale, dont celle de Saint-Fargeau-Ponthierry, présentant une belle fleur de lys. On est donc bien sur le Grand-Chemin Royal reliant Paris à Lyon.

48°32'22.62"N  2°31'8.09"E


Ces bornes royales, on les appelle également bornes milliaires ou de bornes de demi-lieue. Elles sont séparées de 1000 toises.

1 toise = 6 pieds, et le pied de référence, c'est celui de Charlemagne, qui mesure 32 cm. Donc 1 toise = 1,92 m. Et 1000 toises, ça nous fait 1,920 km, soit une demi-lieue (vu qu'une lieue = 2000 toises).



Sur la borne, on devine le chiffre 20 : on est donc à la vingtième borne depuis Paris (les bornes sont toujours du côté gauche de la chaussée, et elles sont numérotées dans le sens Paris-Province). La 20ème borne est donc à 38,4 km du départ de la route royale, à savoir le point zéro des routes de France, sis sur le parvis de Notre-Dame de Paris.


wikipedia.org

Selon mon souvenir, le point zéro se situe... à côté d'un amas de touristes qui viennent le photographier ! 48°51'12.26"N  2°20'55.60"E


C'est là, au milieu du tas. Ah, mais ne poussez pas, Madame, à chacun son tour, voyons !...



Eh bien maintenant, ça va être fastoche de trouver les autres bornes royales !

Pour les belges, du moins ceux qui allaient passé leurs vacances dans le sud de la France, en Ardèche, Drôme et Cassis (les calanques) en ce qui me concerne, nous ne pratiquions la N7 qu'à partir de Dijon, puisque nous ne passions pas par Paris. Puis, il y eut les autoroutes, puis les embouteillages monstrueux, puis bison futé et finalement les GPS (je n'emprunte plus que des départementales pour voyager en France, c'est tellement plus beau et authentique).
Tout ça pour dire que les quelques belges du forum n'interviendront sans doute pas beaucoup avant la ville moutardière.

cramion a écrit:

Tout ça pour dire que les quelques belges du forum n'interviendront sans doute pas beaucoup avant la ville moutardière.

Ou plus exactement la ville de l'andouillette, puisqu'il faudra attendre Lyon pour retrouver la N7. Peu après Dijon, c'est la Nationale 6 que tu récupérais (Paris-Lyon-Chambéry-Modane).

Je t'attends donc avec impatience entre Rhône et Saône, dans une bouchon lyonnais, comme il se doit !

Oups, j'avais oublié que parfois, nous dérivions vers Vichy ou Nevers où vivait une soeur de mon père...
Mais de fait, lorsque nous n'y allions pas, on utilisait la N6.
Et la N6, c'était la même galère !

Je laisse à quelqu'un d'autre le soin de poster la fameuse et très belle chanson de Charles Trenet "N7" mais ma confusion entre la N6 et la N7 m'a remis en mémoire un copain des années 1980, chanteur punk expérimental, qui avait sorti avec succès une reprise de la chanson de Trenet. Son groupe s'appelait "Les tueurs de la lune de miel", leurs concerts étaient mémorables, leur énergie communicative. Malheureusement, Yvon, chanteur et bassiste du groupe décéda à 39 ans.

  Petite halte à Pringy avant/maintenant. 48°31'41.77"N   2°32'56.77"E

  source

 
Le hameau de Ponthierry 48°31'40.62"N   2°33'01.29"E


48°31'16.46"N   2°33'30.51"E


source

Le tacot de Barbizon...
Mesdames et messieurs, Chailly en biere !...Une minute d'arrêt.

Avant même la belle époque et la traversée du village par la route nationale 7, était le tramway !
Pendant une vingtaine d’années, jusqu’en 1920 environ, l’exploitation du Tacot fut rentable. Ensuite, avec l’évolution de l’automobile, la situation se dégrada.
En 1925, la Société du Tacot passe sous le contrôle de la Société Baert et Verney. Il fallait moderniser. Cette société construira deux automobiles avec des châssis de GMC de l’armée américaine. Cela ne suffit pas, d’autres causes contribuèrent à la mort lente du Tacot ; les incidents et accidents : déraillements dus à l’usure du matériel, incendies en forêt, à l’approche des trains peur des chevaux qui renversaient leur charrette, également les accidents des voyageurs qui descendaient en marche et passaient sous les roues.
Dans Chailly – le 7 octobre 1913 – le Tacot écrasa un consommateur de la Maison Gandin – marchand de vin situé rue de la Garenne (rue de Melun), il n’avait pas vu le convoi arriver. (il avait trop bu de ce qu'on vendait à la Maison Gandin, certainement)
Au vu de ces causes, les élus des communes concernées décident officiellement de supprimer le Tacot le 30 septembre 1938, et de les remplacer par des cars.
Au dernier voyage, la locomotive était décorée à l’avant d’une immense couronne de fleurs, comme pour un enterrement. Les années qui suivient ce fut la curée avec la vente des rails et ferrailles à la Société Vendrand.

extrait d'un excellent article ICI

SOURCE
L'impressionnante bête humaine en métal et qui carbure au charbon...bonjour la pollution au départ de Perthes pour Chailly en Biere (au premier plan de la photo).

Et bien entendu le traditionnel wikipédia


48°27'54.71"N 2°36'25.45"E




Les rails sont partis depuis longtemps mais l’hôtel du Cheval Blanc est resté. (dont Winnie ou un autre membre devrait reparler.


SOURCE
48°27'54.71"N 2°36'25.45"E

Même remarque, le très ancien bâtiment des télécommunications est resté...on peut même constater que la clôture n'a pas souvent été repeinte entre les deux clichés

çà vous ira comme nouvel article?

Très bel article Owen.
J'apprécie tout spécialement l'apport des cartes postales anciennes qui donnent une douce ambiance nostalgique.

cramion a écrit:

Très bel article Owen.
J'apprécie tout spécialement l'apport des cartes postales anciennes qui donnent une douce ambiance nostalgique.

Ce topic est un vrai régal, emmené de main de maître par les meilleurs rédacteurs de TSGE.
Bravo à tous !

Je ne peux pas mieux dire et je me régale aussi 

L'école de Barbizon en Fôret de Fontainebleau (et ses environs)

Des images insolites, la route nous en réserve beaucoup (j'espère).
Je ne résiste pas à l'envie de vous montrer cette scène de rue magnifique: un peintre tranquillement installé sur le trottoir en face d'un vieux magasin de cycles Peugeot qu'on imagine facilement fermé depuis des lustres.
çà se passe à Chailly en Bière.
Sur le sîte sîte de la mairie, on peut lire le nom des peintres du passé et d’aujourd’hui (et ils sont nombreux) qui ont vécu ou vivent ici.

48°27'58.01"N 2°36'25.80"E

Ce monsieur ne l'a pas oublié lui. Mais que peut-il bien peindre sur le trottoir? le vieux magasin de cycles Peugeot?


La commune voisine de Barbizon est un endroit mythique appelé le "village des peintres" du fait de son histoire.
En 1850, les peintres français "pré-impressionnistes" sont à la recherche de beaux paysages, et découvrent ainsi cette charmante commune, située à proximité de la forêt de Fontainebleau.
Quittant la grisaille parisienne et venant profiter du printemps fleuri de ce magnifique village, les peintres de l'époque nous laisseront par leurs œuvres de merveilleux souvenirs immortels de la très féconde période des peintres impressionnistes.
Ces derniers ont influencé aussi les peintres étrangers venus séjourner à Paris, qui ont très vite quitté la capitale pour rejoindre leurs camarades inspirés.

48°26'46.11"N  2°36'9.59"E


source


Les Ganne s'installent dans cette maison probablement en 1824 et la transforment progressivement en épicerie puis en auberge.
Attirés par la modicité des prix, plusieurs peintres y séjournent.

La porte au-dessus de laquelle est inscrit le nom des Ganne, à droite de la porte cochère, donne accès à la salle commune servant d'épicerie, de cuisine et de chambre aux époux Ganne. Les deux fenêtres de gauche éclairent la salle à manger des artistes et celles de droite la salle à manger dite « des officiers ». Au premier étage se trouvent les chambres-dortoirs. Les murs de deux d'entre elles conservent les peintures, les dessins et les graffitis laissés par leurs occupants. (ils ont tout taggé les jeunes délinquants)

Durant plus d'un demi-siècle, l'Auberge Ganne est le rendez-vous des artistes.
Dans les dernières années du XIXe siècle, la maison cesse d'être une auberge.
Elle est rachetée en 1930 par Pierre-Léon Gauthier, qui y établit sa résidence et crée un musée.
En 1995, elle devient le le musée municipal de l'école de Barbizon..

un petit quizz

Quelques peintures de grands maitres réalisés du côté de Fontainebleau:

Claude Monet, Le pavé de Chailly (sur Bière, j'imagine)

Claude Monnet, Porteurs de bois en fôret de Fontainebleau

Jean Francois Millet, l'Angelus. (On voit tout au fond l'église de Bailly en bière).
source pour les trois photos
et bien d'autres sur ce magnifique site :Fôret de Fontainebleau

Ces histoires de peintres amis tous amoureux de cette endroit ne peut qu'intriguer, même si on imagine que les transports de l'époque ne permettaient pas de s'éloigner de Paris sans que cela devienne un long et pénible voyage. Ni TGV, ni même route nationale 7 à l'époque.

Owen, loin de moi l'intention de polémiquer mais il ne faut pas confondre l'école de Barbizon (terme qui fut donné à postériori à cet afflux de peintres de tout bord à Barbizon et environ) dont l'art reste classique bien que tourné vers la simplicité et la vie rurale et les impressionnistes qui forment un véritable mouvement pictural qui veut rompre avec l'académisme et le classicisme .
L'école de Barbizon (wikipédia), dont les précurseurs sont Corot et Daubigny, se caractérise par des sujet "in sito"(peints sur place) des couleurs plutôt sombres dans les teintes vertes et rousses. Cela reste classique.
L'impressionnisme se veut l'art du fugitif , de l'instant. Les coups de pinceaux deviennent visibles, les couleurs sont vives et rayonnantes. Des peintres comme Monet, Pissaro, Sisley, Renoir, Cézanne sont considérés comme les inventeurrs de l'art moderne et pas seulement de la peinture.

Pour se convaincre de la grande différence entre les deux "écoles", voici les pages des google images concernant l'école de Barbizon et l'impressionnisme. C'est flagrant.

Bien entendu, certains impressionnistes ont vécu et travaillé à Barbizon avant de devenir impressionnistes.
Je pense néanmoins qu'il ne faut pas parler de l'école de Barbizon comme du pré-impressionnisme. Les deux démarches, bien qu'ayant des points communs (peindre sur place, par exemple) divergent trop fortement.

Je ne suis pas un spécialiste de la question, j'ai pris un raccourci un peu facile. Merci Cramion pour ces précisions . Je corrige mon message de suite.