Avec le décès de Jean-Louis Foulquier, la radio et plus généralement le monde de la chanson perd un grand bonhomme.
Qui n'a pas eu la chance de suivre au moins une fois sa voix chaude sur les ondes a manqué la générosité d'un grand monsieur, un authentique découvreur de talents, un vrai support pour les saltimbanques.



Voici la copie de l'article que Le Monde lui consacre aujourd'hui :


« J'ai trois amours : La Rochelle, la chanson et la fête. J'ai donc décidé de faire la fête à La Rochelle avec le premier Festival de la chanson francophone… C'est pas fou, ça ? » Ainsi, Jean-Louis Foulquier, mort, mardi 10 décembre, à l'âge de 70 ans, des suites d'un cancer du poumon, formulait-il le concept des Francofolies de la Rochelle, lors de son lancement, en 1985. Le succès de ce festival allait consacrer son créateur comme « Monsieur de la chanson française », un titre qu'il s'était déjà octroyé après plus de dix ans aux micros de France Inter, à accueillir ses amis les chanteurs de sa voix chaleureusement radiophonique.

Si l'animateur à la carrure d'ancien rugbyman avait quitté la direction des Francofolies, en 2004, si France Inter l'avait remercié, en 2008, après quarante-trois années de service, des générations d'auditeurs et d'artistes sont restées marquées par ce passeur.

IL SE RÊVE D'ABORD CHANTEUR DE CHARME

Né le 24 juin 1943 à La Rochelle, le Charentais se sensibilise en famille à la chanson populaire. Il s'identifie d'abord aux accents rebelles du jazz et du rock'n'roll. Jusqu'à la révélation d'un concert de Léo Ferré : « J'étais allé voir les Chaussettes noires à la fête du PC de La Rochelle, racontait Foulquier, quand j'entends Ferré en première partie. Là, je découvre un chanteur et des textes, beaucoup plus rebelles et émouvants que ceux des yéyés français de l'époque. Une gifle. A partir de là, je me suis passionné pour les grands personnages de la chanson. »

Partant à 20 ans tenter sa chance dans la capitale, il se rêve d'abord chanteur de charme, jusqu'à se produire dans des cabarets parisiens. Quelques 45-tours paraissent, sans succès. C'est d'ailleurs pour « raisons économiques » qu'il fait ses premières armes à France Inter, en 1965, comme… standardiste. Après avoir collaboré à plusieurs émissions, Foulquier créé la sienne, « Studio de nuit », en 1975, où il reproduit les atmosphères de bohème noctambule des cabarets parisiens, en invitant anciens et modernes, avec lesquels il fraternise.

Dans cette émission, parrainée par un fidèle auditeur, Georges Brassens, comme dans les suivantes – « Saltimbanques », « Bain de minuit », « Y a d'la chanson dans l'air », « C'est la nuit », « Les copains d'abord », « Pollen » ou « Cap'tain Café », à la télévision –, l'animateur se fait le champion d'une chanson de l'après-rive gauche, portée par l'énergie et l'insolence de la nouvelle vague des années 1970 : Higelin, Lavilliers, Renaud… Favorisant les talents émergents, il continue de transmettre son goût des monstres sacrés, sans mépriser la variété.

COUPS DE GUEULE

« J'ai toujours pensé que les ghettos qu'on nous inflige sont une affaire de spécialistes, confiait-il. Dans mes émissions, les chanteurs à texte ont toujours côtoyé des chanteurs dits plus “populaires”. Ce que j'aime, ce sont les artistes qui paient comptant. »

L'idée des Francofolies lui vient au Festival d'été de Québec. Il est séduit par sa convivialité, sa façon décomplexée de célébrer une identité culturelle. Lancées avec la complicité de Philippe Friboulet, et l'appui de Michel Crépeau, alors maire radical de gauche de La Rochelle, les Francos reflètent le credo de ses émissions, à la fois centrées sur la chanson francophone et ouvertes aux évolutions (musiques du monde, hip-hop, rock, électro…).

Le concept essaime à l'étranger (Québec, Belgique, Suisse, Bulgarie, Allemagne…). Personnifié par les coups de coeur, coups de gueules (contre les intermittents ou Ségolène Royal) et coups de blues alcoolisés de ce bon vivant, gaulliste revendiqué, le festival grandit. Non sans parfois frôler la catastrophe, comme lors du trou financier de 1998, où Foulquier doit hypothéquer sa maison de l'île de Ré en garantie d'un emprunt bancaire.

Après vingt ans d'aventure, le héraut de la chanson passe la main, cède son festival à Morgane, société de production audiovisuelle dirigée par Gérard Pont et Gérard Lacroix. La tristesse est atténuée par son investissement dans un métier de comédien (« Dolmen », « Fabio Montale », Selon Charlie…).

Il vit plus durement son éviction de France Inter, le 29 août 2008, même s'il continue de jouer devant les caméras et sur des scènes de théâtre, comme lors de son adaptation de La Première Gorgée de bière, de Philippe Delerm. Ces dernières années, Jean-Louis Foulquier se consacrait à la peinture, traduisant son inspiration en de grandes toiles colorées.
En 1990, dans l'émission « Synergie » il évoquait déjà ses « 25 ans » de radio et la liberté dont il jouissait pour son émission « Studio de nuit »,

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Un extrait de conversation avec Bernard Lavilliers.
Rare un "animateur" qui laisse parler son invité...

Depuis le temps qu'il nous accompagnait, je pensais qu'il était plus âgé que ça.

Oui, c'est vrai, on perd là un grand bonhomme.

RIP.


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Combien d'heures ai-je écouté les émissions de Jean-Louis Foulquier ? Avec une heure par jour pendant vingts ans, ça commence à faire un beau paquet. Pollen, c'était l'époque où j'écoutais France Inter 6 heures par jour. Ça ne nous rajeunit pas...

Mais Foulquier n'a pas été qu'un animateur de radio et un organisateur de festival. Il a aussi chanté !


La retraite  === > deezer


Tout ce qui est dégueulasse