En continuant vers le Sud-Ouest, on tombe coup sur coup sur deux valleuses distantes de moins de 1km: la valleuse d'Életot à l'Est et la valleuse de Senneville-sur-Fécamp à l'Ouest. Les deux sont fort semblables: des valleuses mortes (accessibles par un escalier), fortement boisées, seulement habitées de quelques cabanons près de la mer:

Celle d'Életot:


( 49°47'09.79" N 0°25'53.47" E )

La valleuse de Senneville-sur-Fécamp (trop boisée pour y voir quelque chose):


( 49°46'43.82" N 0°25'08.17" E )

Mais déjà, une autre valleuse (vive cette fois) nous attend...Et quelle valleuse!


( 49°45'57.64" N 0°22'15.58" E )

Merci pour tes photos Jean-Louis

Nous voici donc dans cette belle ville de Fécamp. Partons à la découverte de son patrimoine.

D'entrée de jeu, le nombre de monuments historique peut sembler faible: seulement 6. Mais ce serait passé à côté des nombreuses merveilles que la ville conserve...

Impossible de commencer à parler du patrimoine de la ville sans évoquer l'Abbaye de la Trinité qui fut fondée au 7ème siècle et développée par plusieurs ducs de Normandie (dont elle contient les tombeaux). Derrière sa façade classique - qui n'a rien à voir avec le reste -, l'abbatiale est une merveille de l'Art Gothique du 12ème et 13ème siècle qui n'a rien à envier à d'autres cathédrales (comme Notre-Dame de Paris dont les proportions sont légèrement supérieurs de quelques mètres). L'édifice est longtemps resté le lieu de pèlerinage le plus important de Normandie… avant d'être dépassée par le Mont-Saint-Michel!
L'abbatiale est classée depuis 1840 et inscrite depuis 1992: 


( 49°45'19.04" N 0°22'53.25" E )

Juste en face de l'Abbatiale, se trouve les ruines du château de Fécamp qui faisait partie de l'enceinte de l'abbaye. Il date du 10ème, 11ème et 12ème siècle et fut ensuite abandonné au profit du château de Caen.
Il est classé depuis 1910:


( 49°45'18.13" N 0°22'47.49" E )

Plus près de la mer, l'église Saint-Étienne se dresse en plein centre-ville. Elle est mentionnée depuis le début du 11ème siècle et le transept et le chœur date d'une grande phase de construction commencé en 1506 mais restée inachevée. Le clocher d'origine fut détruit par un incendie en 1563. L'église échappa de peu à la destruction lors de la Révolution grâce aux marins de la ville. En 1884, l'architecte Camille Albert entreprend la reconstruction de la tour actuelle.
Elle est classée depuis 1921:


( 49°45'30.03" N 0°22'33.90" E )

De l'autre côté du port, la chapelle Notre-Dame-du-Salut domine du haut de sa colline toute la valleuse de Valmont - dans laquelle s'étale la ville de Fécamp. Lieu de pèlerinage depuis le 13ème siècle, il n'en reste aujourd'hui plus que la tour de croisée et le chœur: la nef a été détruite par une tempête au 19ème siècle.
Elle est classée depuis 1929:


( 49°46'01.29" N 0°22'16.23" E )

Seul immeuble civile classé, le N°73 Rue Arquaise… sur lequel je n'ai trouvé aucune information! Il a toutefois l'air bien protégé (en plus de son classement en 1978):


( 49°45'19.35" N 0°23'07.82" E )

Surmontant un promontoire à la sortie de la ville, l'Oppidum "Camp du Canada"… sur lequel on ne trouve pas plus d'infos que le précédent, si ce n'est que le site date de l'Âge du fer.
Il est classé depuis 1983:


( 49°44'41.18" N 0°24'29.39" E )

Voilà pour le patrimoine classé. Mais la ville possède d'autres merveilles...

okapi07 a écrit:

Surmontant un promontoire à la sortie de la ville, l'Oppidum "Camp du Canada"… sur lequel on ne trouve pas plus d'infos que le précédent, si ce n'est que le site date de l'Âge du fer.
Il est classé depuis 1983

Merci pour les infos sur l'Oppidum Camp du Canada et ces superbes photos aériennes.

Partons maintenant à la découverte de quelques éléments intéressant du patrimoine de la ville...

Impossible de parler d'architecture à Fécamp sans évoquer... l'abbatiale de la trinité évidemment, mais aussi le Palais Bénédictine. Nous passerons ici sous silence la boisson alcoolisée qui y est produite pour nous concentrer sur l'architecture: le palais actuelle date de la reconstruction après l'incendie qui le ravagea en 1892 (le bâtiment avait été terminé en 1888). Il est de style néo-gothique et néo-Renaissance, une fusion typique du mouvement Éclectique qui sera bientôt supplanté par l'Art Nouveau.
Le palais était la volonté de Alexandre-Prosper Le Grand, l'inventeur de la bénédictine qui avait fait fortune grâce à cette boisson: en grand passionné d'art, il voulait un lieu mêlant art et industrie. Pour cela, il fit appel à l'architecte Camille Albert (oui, le même que le clocher de l'église Saint-Étienne).

La Palais contient aussi un musée d'Art ancien et un espace d'Art Contemporain:


( 49°45'30.71" N 0°22'05.79" E )


( 49°45'32.31" N 0°22'01.13" E )

Juste à côté, la maison de Alexandre-Prosper Le Grand (si j'ai bien compris), avec dans le jardin une fontaine tout en sobriété qui rend hommage au moine bénédictin Vincelli qui fut l'inventeur de la recette initiale de la boisson et qui est surmonté d'une statue de la renommée:


( 49°45'32.25" N 0°22'00.70" E )

 
Ma modeste contribution au survol de Fécamp par JLH, mais les pieds sur terre, avec des clichés qui commencent à dater (2003 )... donc pas d' éoliennes sur les falaise à l' est de la ville :





Du même endroit, direction sud ouest.

Photos perso

Merci Pierrex pour ces superbe photos  

Dans une rue du centre de Fécamp se cache une vrai pépite architecturale que les guides touristiques ont tord de ne pas mentionner: la Villa Émilie, construite en 1907 par Olivier Le Bègue. La maison est véritablement coupée en deux, aussi bien plan qu'en élévation: une façade complément classique et des pièces rectangulaires le long de la façade côté jardin; une façade Art Nouveau exubérante et des pièces plus originales et dynamiques côté rue.

Je vous renvois vers ce site pour ses nombreuses photos >>>ICI<<< et celui-ci pour le plan >>>ICI<<<

Sur street view, la maison manque complètement de recul pour en admirer la façade, mais pas ses nombreux et intéressants détails:

( 49°45'28.23" N 0°22'22.57" E )


(Source)


(Source)

Fécamp pour les geocacheurs :


C'est l'occasion en se promenant dans le port, pourquoi pas, d'aller dénicher une cache magnétique à "La cardinale" :




Extrait :
Petite cache pour profiter de Fécamp. Merci de bien la replacer au même endroit pour garder l'accès niveau 1 

Bouées et balises cardinales (Nord - Sud - Est - Ouest) Bouées cardinales Les bouées cardinales indiquent, en navigation, l'emplacement de danger en se référant aux quatre points cardinaux. Par exemple, la bouée cardinale nord nous indique que les eaux navigables sont au nord de la bouée cardinale nord. La façon dont les bandes jaunes et noires sont placées nous indique si on fait face à une bouée cardinale est, une

Comme un schéma vaut mieux parfois que...




Sans être grand clerc, on peut raisonnablement chercher la cache autour de ce point, autour duquel on serait peut-être passé sans le remarquer sans "geopratiquer".

49° 45.612'N   0° 22.405'E



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Citation :

Impossible de parler d'architecture à Fécamp sans évoquer... l'abbatiale de la trinité évidemment, mais aussi le Palais Bénédictine.

Un bâtiment juste splendide, je rajoute une petite louche pour le plaisir.
On a trois 360cities pour nous en convaincre :

49° 45.522'N   0° 22.055'E


Plus de possibilité apparemment d'embarquer les photos hémisphériques de 360 cities, alors en cliquant, cela vous emmènera directement sur site :






Quant à la liqueur, tu n'y échapperas pas Okapi !


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Il y a des noms de rue devant lesquels on ne peut que se demander "pourquoi?"... 

Ainsi, à Fécamp, il y a une Rue de l'Inondation...:


( 49°45'21.27" N 0°22'42.60" E )

Alors, pourquoi diable y a-t-il une "Rue de l'Inondation" à Fécamp

Fécamp se trouve dans le fond de la valleuse du fleuve Valmont qui s'écoule d'Est en Ouest vers la mer, mais elle reçoit aussi une autre vallée s'écoulant vers le Nord et arrivant au niveau de l'Abbatiale de la Trinité. Cette vallée a été mise à profit pour la construction de la voie ferrée qui désert la gare de Fécamp.

Mais jusqu'au 19ème siècle, la Rue Jean Louis Leclerc - qui prend place au fond de cette vallée au moment où elle arrive à Fécamp - butant sur la Rue Alexandre Legros et Rue Andrée Paul Ledoux . Cette disposition provoquait l'inondation du quartier lors des trop fortes pluies. Il fut donc décidé de construire une nouvelle rue, en ligne droite dans l'axe de la Rue Jean Louis Leclerc, qui se termine sur le bord du Valmont. L'écoulement de l'eau se ferait grâce à une canalisation sous cette nouvelle rue et permet depuis d'éviter les inondations.

Le 26 décembre 1999, lors des dernière grande inondations qu'a connu Fécamp, la rue à jouer son rôle (voir ICI)

Le bout de la Rue de l'inondation arrivant sur le bord du Valmont (derrière la rembarde):


( 49°45'26.36" N 0°23'03.19" E )

 

Impossible de parler de Fécamp, sans mentionner la Relique du Précieux Sang.

Fécamp est l'un des seuls lieux au monde, où il est encore possible de trouver aujourd'hui l'ADN de Jésus-Christ. En effet, on en compte à peine plus d'une vingtaine :


La relique du Saint Sang est aujourd'hui conservée dans une fiole à l'abbaye bénédictine de la Sainte-Trinité de Fécamp. 


Wikipédia, comme à son habitude, nous offre une présentation succincte de cette pépite :
Heureusement, il est possible aussi de trouver une version un peu plus détaillée de l'origine de cet objet de vénération. Voici tout d'abord une version "historique" datant de la fin du XIXème siècle :


Plus récente, voici l'interprétation de géographes et historiens contemporains :


"L'édifice abritant cette fontaine est de construction récente et sans aucun caractère" , nous avertit Daniel Banse, dans son livre de référence : "Histoire des rues de Fécamp"' - Éditions FeniXX - 1935


La confrérie du Précieux Sang organise chaque année une procession de vénération, comme en témoigne ce petit  FILM qui date de 1968 (que l'on peut aussi trouver ICI).


Tout au long des siècles, la vénération du Précieux Sang prit des formes diverses, comme avec cette tapisserie, appelée aussi "La Broderie du Précieux Sang". :

Cette tapisserie a été conçue et réalisée par Paul et Suzanne LEROUX de 1912 à 1926 dans le style de la Tapisserie de Bayeux. Elle était destinée à orner la Tour de la Maîtrise.


Enfin, pour aller plus loin, il n'est pas inutile de consulter ce DOCUMENT DETAILLE, qui est de nature à étancher la soif légitime de tous les historiens, et dont je vous offre la lecture de la première page :


Je vous souhaite le bon soir....

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Addenda du 10 septembre 2020

On trouve aussi quelques "reliques" intéressantes de ce mythe, au sein du Musée des Pêcheries de Fécamp. Les panneaux explicatifs me dispensent de tout commentaire !

Bonjour

Je ne peux pas laisser passer l'occasion de rendre hommage à mon Grand-Père, mousse à Terre-Neuve dans les années 1892-1896, dont les récits ont marqué mon enfance.


Fécamp a longtemps été la capitale des Terre-Neuvas. Les témoignages de cette époque sont nombreux et émouvants. Je me réfère, une fois de plus, à celui de Pierre Auger et Pierre Granier :


Il existe aussi quelques images de ces temps révolus :


La mémoire de ces temps héroîques était naguère sauvegardée par un musée spécifique situé en front de mer :


Ce musée est maintenant fermé, et ses collections ont été partiellement intégrées dans le nouvel espace muséographique des Pêcheries de Fécamp, dont le caractère un peu fourre-tout est sans doute de nature à drainer un public plus nombreux, sinon plus passionné. Il faut s'y résigner.

En tout état de cause, pour aller plus loin, il reste toujours l'incontournable ouvrage de Jean Recher :


Je vous souhaite de bonnes lectures

Bonjour

Impossible de parler de Fécamp, et des terre-neuviers, sans parler du Marité (le terre-neuva, c'est le pêcheur, le terre-neuvier, c'est le navire...). "Pendant 5 siècles la morue a été l'un des poissons les plus consommés en Europe. Dès le XVIe s. des milliers de pêcheurs normands, bretons et basques partent chaque année vers Terre-Neuve pour de longues campagnes. Il ne reste qu'un voilier terre-neuvier de cette époque : le Marité." (source)


Le Marité est un trois-mâts goélette. Il a été construit en 1921 à Fécamp (Seine-Maritime), c'est aujourd'hui le dernier terre-neuvier français en état de navigation.  (source)


Caractéristiques du Marité (source)
- Trois-mâts goélette
- Longueur hors-tout : 44,90 m
- Largeur : 8 m
- Tirant d’air : 29 m
- Tirant d’eau : 3,60 m
- Surface de voiles : 650 m², 16 voiles
- Poids : 209 tonnes
- Équipages : 5 à 6 marins
- Moteur : 450 cv
- Capacité en mer : 74 passagers
- Capacité à quai : jusqu'à 120 personnes
- Capacité du carré : 80 personnes debout ou 60 assises

Histoire et restauration du Marité

En 1922, un armateur fécampois, Charles Le Borgne, achète sur chantier la coque du harenguier H.2, bateau construit dans le cadre de la loi de 1920 visant à relancer la flotte de pêche. Ce navire deviendra après transformations le trois-mâts goélette Marité. Pour faire de ce dundee harenguier un navire terre-neuvier, une transformation complète du navire est nécessaire. Les travaux vont durer un an.
Conçu pour embarquer 24 hommes et une douzaine de doris, ce bateau traditionnel en bois est le dernier voilier de grande pêche sorti des chantiers fécampois. La cérémonie de bénédiction du navire a lieu à l’été 1923. Il devait s’appeler Marie-Thérèse, prénom de la plus jeune fille de l’armateur. Un autre bateau portant déjà ce nom, le diminutif Marité sera retenu. Fait rarissime, ce nom suivra le navire toute sa vie, malgré les changements successifs de propriétaires.
Construit pour les bancs de Terre-neuve, mais livré trop tard pour la campagne de pêche de 1923, Marité est armé au cabotage international.

Le 11 mars 1924, le bateau lève l’ancre pour sa première campagne. A son bord, un équipage de 21 membres : un capitaine, un second, un saleur, 7 patrons et leurs avants, un matelot bulotier, un cuisinier et deux novices. Une foule nombreuse de parents et amis, massée sur le quai, assiste au départ. Il est difficile aujourd’hui d’imaginer l’animation qui régnait sur le port au moment de ces grands départs.
L’océan est un maître exigeant qui a soustrait plus d’un marin de fortune à ses proches, mais les gens de petite condition n’ont d’autre choix que d’embarquer pour de longs mois, et cela depuis le XVIe siècle. Marité s’inscrit dans la lignée des navires qui ont fait les beaux jours de l’économie normande et bretonne. Il fut pourtant l’un des derniers à prendre la mer, la première guerre mondiale ayant donné un coup d’arrêt à ce type de pêche à la voile.
Au total, Marité effectuera cinq campagnes entre 1924 et 1929, ramenant pour chacune d’elles entre 100 et 160 tonnes de morues. Au retour de sa cinquième campagne, le bateau, trop petit pour être rentable, est désarmé.
En 1930, la crise frappe le commerce de la morue. La décennie 1920-1930 a vu la modernisation rapide des flottes de pêche. La vapeur et le chalutage ont pris très vite le pas sur la voile et les doris. Ainsi, à la fin des années 1920, nombre d’armateurs vendent leurs petits voiliers, surtout ceux construits après guerre. Ces navires, presque neufs, intéressent les armateurs nordiques. C’est l’opportunité que saisit Charles Le Borgne pour vendre Marité. (La source et la suite de ce texte sont ICI).

Quand, en 2003, il fut question de "rapatrier" cette pépite, le sang de mes aïeux s'est mis à bouillir en moi. J'ai suivi d'assez près les évolutions des discussions qui auraient du permettre  son rachat par les collectivités territoriales normandes. Dans ce contexte, j'ai eu l'occasion de le visiter plusieurs fois pendant l'Armada de Rouen, puis de participer à la Grande Parade du 6 juillet 2003, de Rouen jusqu'au Havre, à son bord.


Par la suite, le Marité a servi de décor, pendant toute une saison, à l'émission de Télévision THALASSA, avant de faire l'objet d'une grande restauration.


Les principales collectivités territoriales normandes ayant résigné son financement, le Marité a trouvé refuge à Granville, d'où il offre la possibilité d'effectuer de mini-croisières autour des iles Chausey et jusque Cancale, quand il ne participe pas aux grandes manifestations nautiques de Bordeaux, Nantes, Brest ou Rouen.


Pour parfaire la documentation, je ne peux que vous conseiller ce livre de référence :

Merci de votre intérêt pour ce sujet qui me tiens à coeur




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