Vestiges gallo-romains de la nécropole des Martres-de-Veyre

En 1851 et 1893, deux campagne de fouilles dans le village des Martres-de-Veyre vont mettre aux jours un ensemble de 6 tombes gallo-romaine: une tombe à incinération; une inhumation en pleine terre et 4 tombes en bois contenant un homme, deux femmes et une fillette. Mais dès leur découverte, un élément saute aux yeux: l'état de conservation exceptionnel des éléments présents. Offrandes alimentaires, paniers en osier, vêtements, et même trais du visage pour les 4 personnes inhumées dans les tombes en bois sont parfaitement conservés. La raison de cet état de conservation n'est pas connu (l'hypothèse la plus probable est la présence de gaz carbonique dans le sous-sol mais sans certitude).
Malheureusement, les méthodes de conservation de l'époque n'ont pas permis de conserver les corps (sauf les nattes de cheveux) ni certains éléments. Par contre, tout ce qui a été documenté et ceux qui ont put être conservés nous donnent un témoignage extrêmement précis des méthodes d'inhumation gallo-romaine, d'autant plus exceptionnels qu'il s'agit de tombes de personnes lambda et non de haut rang.

Ces 6 tombes sont connues dans toute l'Europe pour l'état de conservation exceptionnel de leurs éléments organiques. Elles nous offrent un témoignage extrêmement précis des traditions funéraires à l'époque gallo-romaine et ont donc une grande valeur d'étalonnage.

En dépit de leur importance, il y a très peu de documentations disponible en ligne et encore moins de photos...

La tunique dite "de la tombe D" (une des deux femmes):


( Source )



Les vestiges sont exposés au Musée Bargoin de Clermont-Ferrand: 


( 45°46'26.17" N 3°05'14.00" E )

Retable de la Chapelle de Notre-Dame-de-Bethléem de la Cathédrale de Narbonne

En 1354, la construction du transept et de la nef de la cathédrale de Narbonne sont interrompu. C'est probablement en attendant la reprise des travaux que la chapelle axiale du choeur - l'actuelle Chapelle Notre-Dame-de-Bethléem - prit la fonction de paroisse et se voit muni d'un retable (qui vient recouvrir la polychromie existante). Le retable date donc probablement de la seconde moitié du XIVème siècle.
Au XVIIIème siècle, il disparait derrière un autre retable et tombe dans l'oubli. La partie centrale - la gueule du Léviathan - réapparait durant des travaux en 1847 (et attire l'attention de Viollet-le-Duc) mais est dissimulé à nouveau. Il réapparait en 1954 mais est cette fois caché derrière un rideau. En 1981, à l'occasion de travaux, des sondages mettent au jour l'ampleur du retable dissimulé. Il sera enfin totalement dégagé et restauré après un démontage complet.

Le retable se divise en deux registres: le registre du haut ne conserve que les parties gauche et droites qui représentent des épisodes de la vie du Christ. Sous des galbes, on peut voir à gauche, l'Annonciation et la Visite des Rois mages (initialement séparés probablement par une nativité aujourd'hui disparue); et à droite, la Présentation du Christ au Temple, l'entrée du Christ à Jérusalem et la Crucifixion. La partie centre, très lacunaire, représentait le Paradis: on peut seulement en voir la partie basse des élus agenouillés.
Le registre du bas représente des étapes de l'au-delà: à gauche, le purgatoire; au centre, l'enfer dans la gueule du Léviathan vers laquelle les damnés sont conduits en charrette; et les Limbes où le Christ accompagné de deux anges musiciens donne précède l'accès au Paradis. Il est à noter que les deux scènes latérales sont séparées de la centrales par des escaliers donnant accès au Paradis du registre supérieur. 

Paradoxalement, le retable qui l'a gravement endommagé au XVIIIème siècle a aussi permis sa conservation: bien que laconique, les 26m² restants de l'oeuvre en font un exemple exceptionnel de retable du XIVème siècle conservé en place et avec sa polychromie d'origine. Il est en outre d'une grande qualité d'exécution.

N.B.: La statue de la Vierge à l'enfant centrale du XIVème siècle est un ajout postérieur à la redécouverte du retable et n'a rien à voir avec:


( Source )


( Source )

Détail de la tête du Léviathan symbolisant l'entrée de l'Enfer: 


( Source )

Le retable se trouve dans la Chapelle Notre-Dame-de-Bethléem (la chapelle axiale du choeur) de la Cathédrale Saint-Just de Narbonne:


( 43°11'06.33" N 3°00'12.41" E )

Merci pour ce cours d'histoire

La tenture des amours de Gombault et Macée

En 1840, le comte Jules de Plaisance donne un ensemble de 7 tapisseries représentant les amours de Gombault et Macéee au tout jeune musée de Saint-Lô (créé en 1835). Ces tapisseries prenaient la poussière dans le logement du concierge de son château de Laulne. Ce serait Turgot, contrôleur général des Finances sous Louis XVI qui les aurait pris dans le garde-meuble royal pour décorer son château.
En 1880, Monsieur Fenaille offre une huitième tapisserie qui vient compléter l'ensemble.

Les amours de Gombault et Macée est un thème pastoral qui raconte l'histoire d'un berger et d'une bergère, un thème très en vogue XVI et XVIIème siècle. L'histoire se distingue toutefois des autres pastorales par le fait qu'elle se prolonge au delà du mariage, jusqu'à la mort de Gombault. Elle se concentre aussi plus que les autres sur des éléments de la vie quotidienne. 
L'histoire est découpée en 9 parties: Le repas champêtre; La chasse aux papillons; Le jeu de tiquet (jeu de balle); La danse; La cueillette; Les accordailles (fiançailles); Le cortège nuptial; La vieillesse; La mort de Gombault. Chaque scène représente des individus dans un paysage campagnard, accompagnés de plusieurs cartels remplis de texte en vieux français, à la fois ambigus et grivois. Les scènes sont entourées d'un bordure de guirlandes de fleur et d'outils renvoyant au pastoralisme.

Les 7 premières tapisseries ont été fabriquées à Brugge à la fin XVIème siècle; la 8ème vient de l'atelier de Fettelin, un village près d'Aubusson mais aucun source ne donne de datation: elle est juste "plus tardive" que les 7 autres.

Les amours de Gombault et Macée est un thème courant dans la tapisserie et la gravure de la fin du XVIème siècle et au XVIIème siècle. Bien que la série de Saint-Lô rassemble des tapisseries de deux origines différentes, c'est la seule série du monde à présenter ensemble 8 des 9 scènes de l'histoire, ce qui en fait la série la plus complète du monde. Les 7 tapisseries brugeoises sont en outre dans un très bon état de conversation.


( Source )

Détail du repas champêtre:


( Source )

La série de tenture se trouve au Musée d'art et d'histoire de Saint-Lô dans une pièce ronde spécialement créée pour l'accueillir (visible à gauche du bâtiment derrière le mot "La Source"):


( 49°07'00.49" N 1°05'17.09" W )

Le Christ aux outrages de Henry de Groux

Vers 1889 - peut-être dès l'été 1888 et jusqu'à sa présentation en 1890 -, Henry de Groux peint son plus grand chef-oeuvre: le Christ aux outrages. Mais cette courte période coïncide aussi parfaitement avec une période extrêmement difficile pour l'artiste. En effet, en 1889, il quitte sa famille pour s'installer seul. Aussi, son appartenance au Groupe des XX, un groupe d'artistes modernes bruxellois, va également être la source de vives tensions: il se sent progressivement rejeté par les autres artistes à cause de son style pas assez moderne par rapport aux autres. Ses tensions éclateront lors du Salon des XX de janvier et février 1890 au court duquel il insulte Van Gogh, Paul Signac et Toulouse-Lautrec! Mais c'est peut-être au sein de ce groupe que doit se trouve la génèse de l'oeuvre: il n'est pas impossible et qu'il ait pu voir L'Entrée du Christ à Bruxelles dans l'atelier du James Ensor et que ça lui ait inspiré l'idée de se représenter lui aussi sous les trais du Christ.

En effet, le peintre prête ses traits à son Christ dans cette huile sur toile monumentale de 3m53 de large et 2m93 de haut. Il se représente donc en victimes des persécutions familiales et artistiques qu'il subit au même moment. La composition reste invariable dans les nombreuses versions plus petites de l'oeuvre (ou études préparatoires car leur datation n'est pas connue): un Christ en haut à droite vers lequel converge une foule dense et nerveuse. 
L'oeuvre est achevée en 1889 mais n'est présenté que fin 1890 pour ne pas devoir être exposé à côté des tournesols de Van Gogh et parce que le Salon triennal de Bruxelles durant l'automne lui assure une meilleur visibilité. Et ça va marcher: durant l'exposition à Bruxelles de 1890 et à Paris en 1892, son succès critique est sans équivalent pour l'époque.
L'année 1891 marque le départ définitif de l'artiste et de l'oeuvre pour la France. Par contre, à partir de là, les sources sont muettes pour expliquer comment l'oeuvre rejoint le Palais du Roure à Avignon. Le tableau ne reviendra en Belgique qu'en 1930 et 2019.

L'histoire de l'art actuelle se concentre sur les grandes figures qui ont ouvert la voie de la Modernité et laisse de côté les autres figures "passéistes". Bien qu'aujourd'hui oubliés, ces artistes comme Henry de Groux étaient célèbres et appréciés à l'époque par certains critiques et amateurs d'art. Ainsi, le Christ aux outrages de Henry de Groux a été considéré en son temps comme le chef d'oeuvre du peintre. Par ses dimensions monumentales, elle lui permet d'étaler son talent pour les nuances nerveuses et les couleurs tranchées. Si cette vigueur pouvait se rapprocher de l'Expressionisme, l'oeuvre s'en détache toutefois totalement par la densité des personnages qui occupent chaque centimètre carré de la surface (très éloignée des scènes épurées du Modernisme).


( Source )


( Source )

La peinture se trouve dans l'escalier du Palais du Roure à Avignon:


( 43°56'54.68" N 4°48'19.88" E )

Osmothèque

En 1976, Jean Kerléo propose à la Société française des parfumeurs l'idée d'un conservatoire visant à enregistrer et préserver l'histoire des parfums. Le 26 avril 1990, l'Osmothèque de Versailles (du grec « osmè » = odeur et « theke » = rangement) est inauguré avec une collection de 400 parfums (des reproductions crées par l'Osmothèque et des produits venant de grandes maisons de parfum). La collection n'a cessé de grandir depuis (les chiffres varient selon les sources mais selon le site officielle de l'Osmothèque, en 2015, elle comptait "3200 parfums dont 400 disparus").

Les parfums composant la collection sont soit recréés à partir des parfumeurs internes à l'institution, soit mit en dépôt par leur créateur (comme un dépôt légal, une provision de chaque nouveau parfum produit en France est collecté). Notez que les parfums et les archives sont "en dépôt" et non "données" à l'Osmothèque: elles restent la propriété de leurs créateurs. L'autre mission de l'institution est de partager cette collection: néophytes, professionnels ou historiens peuvent y accéder sur demande ou durant des conférences olfactives.

L'Osmothèque de Versailles est la plus grande archive de parfums du monde. Elle n'est toutefois plus unique... depuis qu'elle a essemé une antenne à New York aux États-Unis, preuve de son importance internationale. 

Vous trouverez plus d'informations sur le site internet de l'institution.



L'Osmothèque se trouve à l'intérieur de l'ISIPCA (Institut supérieur international du parfum, de la cosmétique et de l'aromatique alimentaire) à Versailles:


( 48°49'00.05" N 2°08'30.13" E )