je ne sais si je suis dans la bonne rubrique
, je souhaite poster l'avion de Jacques Brel
le Beechcraft Twin-Bonanza modèle D50source
“JOJO” est un
Beechcraft Twin-Bonanza modèle D50 construit en 1956 dans les ateliers de Wichita Kansas et portant le numéro de série DH5. Motorisé de
deux six cylindres Lycoming GO 480 de 295 CV chacun, équipés de réducteurs et de compresseurs qui, à la
vitesse de croisière de 160 kts IAS, consomment
27 gallons/heure, l’avion peut emporter 180 gallons et accueillir
cinq passagers.
Les carburateurs sont équipés de
capsules barométriques qui règlent automatiquement la richesse du mélange en fonction de l’altitude.
Le Twin Bonanza a été importé des USA en octobre 1975 par la Société TATS, Tahiti Air Tour Service, appartenant à Mr Michel BRUN , pour le compte d’un jeune pilote privé Mr Béné Richmond.
L’avion lui servira à ravitailler le marché de Papeete en produits frais depuis l’exploitation d’une entreprise familiale de pêche et d’agriculture.
Le 30 novembre 1976, la compagne de Jacques BREL, Madly BAMY, achète l’avion que Brel baptisera « JOJO » en hommage à son meilleur ami Georges PASQUIER décédé. Après de nombreuses difficultés techniques sur l’appareil, Brel obtiendra enfin les autorisations de vols.
Il utilisera son avion jusqu’à son départ en juillet 1978, pour ses
déplacements personnels mais surtout pour de nombreux passages à caractère humanitaire, les
évacuations sanitaires. Il avait fait aménager l’appareil pour cela, c’est pourquoi le « JOJO » disposait d’un
gyrophare rouge.
Quel que soit le temps, dans la plus pure tradition de l’Aéropostale, il s’envolera,
indifférent aux brusques et violentes tempêtes du Pacifique.
Même lorsque la météo est au beau fixe, il prend des risques pour se poser dans
l’île de UA POU, car la piste est excessivement dangereuse…
Il s’agit d’un terrain improvisé, sans balisage, avec la montagne devant et sur les côtés !
De plus le terrain est en pente et légèrement courbé en bout !
Si on rate la manoeuvre, il est impossible de se représenter.
«
Je me flanque la trouille !» dit-il, en décollant et en atterrissant à UA-POU.
Les habitants prendront vite l’habitude de cette merveilleuse chance que représente la liaison hebdomadaire que fait Jacques Brel. Car
le « JOJO » apporte le courrier, les médicaments, les livres, en plus il prend gratuitement quelques passagers à chaque voyage. La navigation océanique Marquises-Tahiti exigeait un rapport au moins toutes les 30 minutes et par les latitudes 14°13° 12° S. Le niveau de vol utilisé était le 90 ou le 100.
Les alizés dominent, soufflant du 060 à 080° 10-15kt.
Les Marquises en direct de Papeete ce sont 4H45 de vol en moyenne.
Un peu plus long à l’aller vers le Nord, Jacques Brel se posait alors à Rangiroa pour reprendre du carburant.
Le 07 juillet 1978 Jacques quitte les Marquises pour Paris,
l’avion sera rapatrié sur Tahiti par le pilote Jean François LEJEUNE.
Le 06 novembre 1978, peu de temps après le décès de Jacques Brel,
Madly revend l’avion à la Société Tahiti Perles de Mr Robert WAN. Celui-ci fera repeindre l’avion aux couleurs française bleu blanc rouge.
Après un peu plus de trois ans d’exploitation Mr WAN revendra l’avion le 18 janvier 1982 à Mr Yves Tchen Pan, qui le fera voler pour le compte de la Société Tuamotu Perles à Hikueru.
Puis Mr Tchen Pan créera la Société Air Océania, dernière société - disparue depuis- dans laquelle le Twin Bonanza terminera sa carrière.
Après
son dernier vol le 25 octobre 1988, il sera parqué dans des hangars, puis
en extérieur sur l’aéroport de Tahiti-Faaa. Fin 1992, l’avion est destiné ( sacrifié ) à un exercice incendie pour les pompiers de l’aéroport de Tahiti Faaa.
Un appel téléphonique, permettra de lancer
l’opération de sauvetage de l’avion.
Serge Lecordier étant alors président du Comité du Tourisme d’Atuona, est intervenu pour sauver le “JOJO” de l’incendie et sera entendu par Mr Mottard, Commandant de l’aérodrome,qui fera le premier pas… ensuite ce sera une
grande chaîne de solidarité d’inconditionnels de Jacques BREL qui fera le reste… jusqu’au 03 octobre 2003.
JOJO sera rapatrié en début d’année 1995 et sera exposé en extérieur, dans le village, près du petit musée et du centre artisanal. Il y restera huit ans, exposé aux intempéries, jusqu’au jour où la rencontre fortuite de deux hommes permettra sa totale restauration et son exposition sous un hangar.
Pour conclure,
quand Jacques Brel avait fait acheter l’avion par Madly, celui-ci était aux couleurs françaises. Brel le fera repeindre aux couleurs belges : jaune, rouge, noir. C’est de cette couleur qu’il a été repeint en septembre 2003, pour son dernier vol ad vitam à six pieds sur terre. D’après le texte original de Serge Lecordier (Atuona). source et crédit photos