47°44'00.76"N7°19'53.39"E - HOPITAL DU HASENRAIN
Le site du Hasenrain L'hôpital du Hasenrain depuis 18981888 : acquisition de l'ancienne propriété Koechlin du Hasenrain.
En dépit de plusieurs agrandissements, l'ancien hôpital du Quai du Fossé était devenu trop petit et la nécessité de construire un nouvel établissement se fit sentir.
L'acquisition d'un terrain fut décidée en 1888 :
pour réunir les 200 000 marks nécessaires (rappelons que l'Alsace était alors sous occupation allemande depuis 1871),
une souscription publique fut ouverte, qui permit de réunir la somme en quelques semaines,
essentiellement grâce à quelques donateurs issus des grandes familles d'industriels mulhousiens. Jusqu'à sa mort en 1875,
le propriétaire des terrains du Hasenrain était André Koechlin : il se trouve que celui-ci fut maire de Mulhouse durant de nombreuses années,
et qu'à ce titre il fut justement l'un des principaux instigateurs du déménagement de l'ancien hôpital vétuste dans les bâtiments mieux adaptés du Quai du Fossé !
En franchissant aujourd'hui les barrières d'entrée du Hasenrain, au bas de la colline,
vous pouvez apercevoir un souvenir de l'ancien propriétaire : un fragment de la grille qui encerclait la propriété a été conservé,
sur lequel sont visibles les initiales "AK", forgées en lettres dorées.
Château Koechlin en 1920. Illustration Archives municipales.Dans un premier temps, le "château Koechlin" (devenu aujourd'hui le pavillon 16,
qui abrite la direction du Centre hospitalier de Mulhouse) servit de maison de convalescence pour adultes et surtout pour enfants.
La possibilité d'y construire un nouvel hôpital fut étudiée sérieusement à partir de 1892-1893,
et quelques terrains supplémentaires furent acquis aux alentours,
qui ont permis de disposer d'importantes surfaces planes et de garder intactes les parties boisées du parc !
C'est avec la construction de l'établissement du Hasenrain que l'on passe véritablement d'une conception caritative de l'hôpital à une conception médicale.
Il est impossible de retracer ici dans le détail plus d'un siècle d'évolutions liées à la complexité croissante de la prise en charge des malades,
aux progrès des techniques médicales, à l'application des principes architecturaux propres à chaque époque, etc.
Les constructions, modifications, destructions, ont été constantes, même après que l'établissement s'est étendu sur le site du Moenchsberg,
et le site continue à changer aujourd'hui. Nous nous contenterons ici de donner un aperçu des principales étapes de la constitution de l'hôpital du Hasenrain,
profondément marquée par les deux guerres mondiales.
1895-1898 : construction des premiers bâtiments sur le principe des pavillons séparés.
Les plans de ce nouvel hôpital, définitivement accepté en 1895,
furent conçus sur le principe des pavillons séparés (structure architecturale que l'on retrouve dans bien des hôpitaux de cette époque en France : avec les découvertes en matière de contagion, le principe de séparation des fonctions et des pathologies se devait d'être poussé à l'extrême).
Cette première phase a porté sur 11 pavillons permettant d'accueillir 300 malades dans des services de médecine, chirurgie et de maladies contagieuses.
Bâtis sur un ou deux niveaux, chacun comprenait une salle commune de 14 à 22 lits, des chambres d'isolement, une cuisine, une salle de bain et des dépendances.
Les pavillons du Hasenrain en 1900. Illustration Archives municipales.Les extensions avant la Première Guerre mondiale.
Le besoin d'agrandir le nouvel hôpital se fit sentir 5 ans seulement après son ouverture.
L'ancien hôpital du Quai du Fossé continuait à fonctionner en parallèle et,
il fallut décider en même temps si toutes les activités devaient ou non être centralisées sur le site du Hasenrain.
La décision alla effectivement dans ce sens (voir aussi la fiche sur l'hôpital du Quai du Fossé).
Le projet d'extension déposé en 1905 fut en partie une critique du parti pris architectural retenu pour les premiers pavillons : éloignés les uns des autres,
ils entraînaient de nombreux déplacements à la fois pour le personnel (ce qui pouvait être d'autant plus difficile la nuit ou en hiver),
et pour les malades et opérés transportés à ciel ouvert par tous les temps.
Le projet de 1905 insistait surtout sur la nécessité de construire un nouveau service de chirurgie ;
celui-ci fut inauguré en 1910 sous la forme de 5 bâtiments de 2 étages reliés entre eux par un couloir de 110 mètres de long.
Le pavillon central était destiné aux opérations, les quatre autres à accueillir les patients, deux pavillons pour les hommes et deux pour les femmes.
Pavillons de chirurgie inaugurés en 1910. Illustration Brochure du centenaire de la Société Industrielle de Mulhouse.Un pavillon de médecine infantile fut inauguré en 1913, d'une capacité de 110 lits,
puis un service des contagieux en 1915, avec notamment deux pavillons d'isolement en cas d'épidémies (devant la baisse des cas de maladies infectieuses,
l'un de ces pavillons put être réattribué, notamment au service de gynécologie en 1919).
Les services logistiques (chaufferie, cuisines…) furent également modifiés au fur et à mesure des nouveaux besoins.
D'autres projets en cours furent suspendus de nombreuses années en raison de la guerre.
Par la suite, on peut noter notamment la construction en 1931 d'un pavillon de 25 lits pour le traitement des maladies nerveuses.
Rappelons que l'hôpital du Quai du Fossé ne cessa complètement d'accueillir des malades qu'en 1930.
1925-1952 : l'épopée de la construction de la maternité, interrompue par la 2e Guerre.
Le nouveau service de gynécologie-obstétrique du Hasenrain mit près de 25 ans à voir le jour.
Une extension de l'ancien service, largement insuffisant, fut réclamée dès 1925 par le médecin-chef, mais la décision de construction ne fut approuvée qu'en 1934.
Puis les subventions ministérielles se firent attendre 2 ans de plus, et les travaux ne commencèrent finalement qu'en 1938. Le gros œuvre fut achevé en 1939,
mais la guerre vint interrompre les travaux, et une partie du bâtiment fut très endommagée par le bombardement de mai 1944 dont nous parlons ci-dessous,
de sorte que l'installation définitive du service n'eut lieu qu'en 1952 !
La maternité est l'un des premiers bâtiments dans lequel on a cherché au maximum à limiter les salles communes (notamment les salles d'accouchements) et,
à favoriser les petites chambres. Une extension fut construite à la fin des années 1980 et le bâtiment fut relié à la pédiatrie par une passerelle.
Le bombardement du 11 mai 1944 et ses conséquences.
Le 11 mai 1944 en fin d'après-midi, le Hasenrain fut la cible d'un bombardement aérien peut-être destiné à l'origine aux installations ferroviaires toutes proches.
Plusieurs bombes tombèrent sur l'hôpital, provoquant la mort de 56 personnes (dont 35 malades,
14 membres du personnel et 7 visiteurs) ainsi que de nombreux blessés et des dégâts considérables.
L'essentiel des victimes se trouvait dans l'un des pavillons de chirurgie entièrement détruit par l'explosion.
Un autre pavillon désaffecté a été détruit entièrement, deux autres partiellement, et de nombreux autres abîmés.
Destructions causées par le bombardement du 11 mai 1944. Illustration Brochure du Cinquentenaire du Centre Hospitalier de Mulhouse.
Une évacuation partielle fut décidée : sur 870 lits, seuls 155 furent maintenus au Hasenrain, dans les sous-sols et les rez-de-chaussée aménagés le mieux possible.
Tous les autres furent répartis dans les hôpitaux des communes alentour et surtout dans une propriété non loin d'Altkirch mise à disposition par les Sœurs de Ribeauvillé.
A la fin de la guerre, le regroupement de tous les malades sur le site du Hasenrain se fit progressivement au courant des années 1945 et 1946,
mais le service des contagieux resta à Pfastatt jusqu'en 1949, date de l'ouverture d'un nouveau service en ville, rue d'Alsace.
Le pavillon de chirurgie détruit ne fut pas remplacé avant 1951,
date à laquelle deux pavillons préfabriqués furent construits selon une méthode hollandaise développée après la guerre,
pour faire face aux besoins de reconstruction rapide et à moindre frais.
Parmi les nombreux changements intervenus dans les vingt années suivantes,
on peut noter notamment la construction d'un pavillon destiné à la radiothérapie et de nombreuses opérations d'"humanisation" de pavillons existants.
Si la maternité, par exemple, fut conçue en favorisant les petites chambres aux détriments des salles communes,
il fallait également adapter les anciens pavillons toujours en service, et à la dernière salle commune du Hasenrain n'a été définitivement supprimée qu'en 1979.
Années 1960 : réflexion sur une nécessaire extension de l'hôpital.
La question de l'agrandissement du Hasenrain se posa dès après la guerre,
mais c'est en 1961 que fut étudiée pour la première fois la possibilité de construire un nouvel hôpital sur un terrain pas trop éloigné, celui du Moenchsberg.
Cette solution a finalement été retenue, puisque la structure pavillonnaire héritée du XIXe siècle aurait rendu difficile à terme la bonne organisation de la prise en charge pluridisciplinaire des patients.
Rénovés et adaptés, ces pavillons continuent d'accueillir aujourd'hui la plupart des services administratifs du Centre hospitalier de Mulhouse,
ainsi que la psychiatrie, la maternité et la pédiatrie et des unités de long séjour pour les personnes âgées,
au milieu des arbres magnifiques hérités de l'ancienne propriété du Hasenrain.
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