La retenue d'eau (67 à 74 milliards de mètres cubes, soit plus de 50 fois la retenue du barrage de Serre-Ponçon) se situera à moins de 10 km de la frontière avec le Soudan.

Les voisins soudanais et égyptiens ne se réjouissent pas de cet ouvrage. Pendant le remplissage de la retenue d'eau (opération qui pourrait durer 10 ans), les projections les plus optimistes estiment que le débit en aval du barrage serait réduit d'au moins 25% !
Pour se faire une idée, le Nil Bleu fournit 59 % du débit du Nil (Nil Blanc et Nil Bleu se rejoignent au Soudan à Khartoum pour former le Nil), et les eaux venues des plateaux éthiopiens représentent 86 % de l'eau consommée en Égypte !
A quoi va ressembler la suite de l'histoire ? Depuis plusieurs années, on cherche un accord sur le partage des ressources en eau.
Devant l'impasse des négociations, des hauts gradés égyptiens ont menacé de faire sauter le barrage. Toujours le mot pour rire, les militaires des régimes aux mains des militaires...
L’Égypte est très active sur le plan diplomatique pour se faire des alliés au sein de la Ligue arabe et de l’Union africaine afin de faire flancher l’Éthiopie. L’Égypte a même relancé des négociations avec le Soudan afin de régler le
conflit frontalier de Bir Tawil et du triangle d'Hala'ib (problématique à retrouver
>> ici <<).
L’Égypte souhaite un remplissage lent de la retenue d'eau (sur 20 ou 25 ans...), mais l’Éthiopie veut rentabiliser au plus vite son investissement (remplissage en 7 ans) en produisant au plus vite de l'électricité... et en en vendant aux pays voisins.
Les États-Unis jouent le rôle de médiateur pour trouver un accord sur le partage de l'eau, mais tant que l'administration Trump sera aux manettes, il y a peu de chances que ça aboutisse. La Banque mondiale a également tenté de jouer les intermédiaires, mais l’Éthiopie a refusé son arbitrage, vu que la Banque mondiale a refusé de participer au financement du barrage. Pour info, le barrage est financé à 100% par l’Éthiopie, et c'est une société italienne, Salini Impregilo, qui a été choisie sans appel d'offre.
Et pour se faire une dernière petite idée de l'ambiance qui règne autour de ce barrage,
Simegnew Bekele, directeur du barrage de la Renaissance, a été retrouvé mort avec une balle dans la tête, dans sa voiture à Addis-Abeba en juillet 2018. La police a conclu à un suicide. Un suicide "diplomatique", pour ne pas envenimer les choses ?
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