Si vous entrez à Molenbeek-Saint-Jean par le Boulevard Léopold II en franchissant le canal, vous tomberez sur une statue bien déconcertante:


( 50°51'31.39" N 4°20'43.41" E )

Il s'agit du Vaartkapoen ("fripon du canal" en néerlandais) de Tom Frantzen. Le nom de cette statue, installée en 1985, vient du surnom des molenbeekois de naissance. Elle représente un vaartkapoen sortant d'une bouche d'égout pour faire trébuché un policier. La scène est fige un "zwanze" (Esprit de mystification, forme d'humour à la bruxelloise) mais on imagine sans peine la suite de la scène…:


( Source )

Juste derrière le Vlaams Schouwburg (le théâtre flamand), sur une esplanade anciennement occupée par un bassin du port de Bruxelles, un bien étrange véhicule s'est parqué: une bétonneuse en acier corten aux détails inspirés de l'architecture gothique. Il s'agit de l'œuvre "Cement Truck" de Wim Delvoye, datant de 2010:


( 50°51'20.10" N 4°21'00.00" E )



( Wim Delvoye )

Après avoir parlé du Puit aux lévriers, un autre chef d'œuvre d'influence Art nouveau complètement inconnu se cache au Nord de Bruxelles: le Mât-Tigres de Jacques de Lalaing.

Aussi appelé Combat de tigres et de Serpents ou mât électrique, cette œuvre de 22 mètres de haut à connu une histoire chaotique: présenté dans sa version en plâtre en 1887, elle connu un franc succès mais tout les projets d'installation échouèrent. Ce n'est qu'en 1913 qu'une version définitive en bronze sur socle en pierre bleue fut réalisée pour l'exposition universelle de Gand. Malgré ça, ce n'est qu'en 1926 (bien après la mort du sculpteur en 1917) qu'elle est enfin installée dans l'espace public près du Parc Josaphat. Le mât n'y reste que jusqu'en 1953 où il est remisé. Il réapparait, amputé de ses lumières, derrière l'hôtel de ville de Schaerbeek en 1993, puis il revient à son emplacement initial en 2006. Au cours de la restauration qu'il subit en 2012-2013, il reprend enfin sa forme initiale:

Le mât est à retrouver sur le site irismonument >>>ICI<<<


( 50°51'48.67" N 4°22'49.05" E )

Comme son nom l'indique, la base du mât représente des tigres se battant avec des serpents:




( Source )

À deux pas de la Gare du Nord ou du Botanique, derrière une austère façade en brique jaune et pierre bleue, vous pouvez littéralement faire un plongeon dans l'Art Déco: Les bains de Saint-Josse.

Construite en 1933, cette piscine avait seulement été légèrement modifiée dans les années 60 lorsqu'elle a été classée en 2009. Fermée en 2010, il a fallu attendre 2019 pour qu'elle réouvre ses portes après une importante phase de restauration réalisée par le bureau AAC Architecture:


( 50°51'23.82" N 4°21'55.20" E )


( Source )


( Source )

Pol Bury est un des artistes belges les plus connu du XXème siècle (et si son nom ne vous dit rien, vous connaissez ses œuvres), personnalité majeur de l'Art Cinétique.

Ainsi, on trouve quatre de ses œuvres à Bruxelles:

La fontaine Pol Bury (de son vrai nom "Juin 1995"):


( 50°51'23.34" N 4°21'20.36" E )


( Source )

Le "capteur de ciel" de l'ancien bâtiment Dexia:


( 50°50'55.81" N 4°21'43.04" E )

La fontaine devant le N°35 Rue de la Régence (il y avait une autre œuvre au N°44 mais elle semble avoir été retirée):


( 50°50'43.28" N 4°22'05.28" E )

Il existe encore une œuvre dans le métro: "Mouving Ceiling" à la Station Bourse-Grand-Place:


( Source )


( Source )

On peut encore rajouter les œuvres du Musée Royal des Beaux-Arts >>>ICI<<<

Bruxelles, c'est la capitale de l'Art Nouveau, et à côté des chefs-d'œuvre, il y a quelques petites merveilles moins connues comme la "Maison Dricot" ou "Maison de l'entrepreneur", à deux pas de Flagey.

En 1900, l'architecte Edmont Pelseneer réalise les plans de cette maison pour Pierre Dricot, entrepreneur en maçonnerie. Les graphites de la façade sont l'œuvre de Paul Cauchie et représentent les activité de l'entreprise de maçonnerie (dont les entrepôts se trouvaient derrière la maison.

Au fil des siècle, la façade a subie de nombreuses transformations qui l'avait défigurée: fermeture de l'entrée cochère, suppression du bow-windows et restauration douteuse du graphite en 1980. Une campagne de restauration exemplaire vient de lui rendre un visage très proche de celui voulu par Pelseneer:


( 50°49'48.96" N 4°22'23.80" E )

Avant-après:


(Source et Source)

Le détail du sgraffite représentant des ouvriers du bâtiment:


( Source )

Si vos (nombreuses) visites de la capitale belge se prolongent jusqu'à la nuit tombé, vous aurez la surprise de découvrir "À travers les murs" de RADIANCE 35 qui apparait uniquement la nuit: en plus d'une révision de l'éclairage public et l'unification des éclairages vitrines, ce travail comprend 20 projections vous donne l'impression de voir ce qui se cache derrière les façades du Sud du centre-ville. 

Étrangement, on en apprend plus sur un autre site >>>ICI<<<

Le jour…:


( 50°50'43.47" N 4°20'57.29" E )

… et la nuit:


( Source )


( 50°50'44.91" N 4°21'11.33" E )


( Source )

Bruxelles possède une petite dizaine d'intérieurs classés dans son centre-ville, en voici un petit tour d'horizon des plus beaux endroits où aller manger ou boire un verre:

Le Restaurent Vincent (50°50'53.81" N 4°21'15.66" E)

À deux pas des Galeries Royales et de la Rue des Bouchers, "la Rôtisserie Vincent" a ouvert ses portes en 1906. Mais c'est en 1912 qu'il reçoit le décor en céramique qui fera sa réputation: des scènes de campagne, des paysages des polders et de la Côte de l'époque, et une marine. On doit ce décor à l'architecte Maurice Grimme , réalisé par la firme Helman. 


( Source )

Le Greenwich (50°50'56.07" N 4°20'49.99" E)

Pas loin de la Halle Saint-Gery, Le Greenwich a ouvert ses portes en 1914. La façade a été remplacée dés 1916 par A. Delune mais le décor intérieur Bel-Époque a été conservé, en ce comprit les toilettes (un bijou, un tour au petit coin s'impose...!). L'établissement était réputé pour y rassembler les joueurs d'échec. Après une fermeture et une restauration avec des ajouts contemporains discrets, l'établissement a réouvert dans toute sa splendeur sous le nom "La Taverne Greenwich".


( Source )

Le Cirio (50°50'56.12" N 4°21'04.91" E)

Juste en face de la Bourse, cet établissement ouverte en 1886 devait permettre à la bourgeoisie de goûter des boites conserves - qui étaient une innovation à l'époque mais qui avait mauvaise réputation. Malgré les agrandissements qui se sont succédés jusqu'à l'entre deux-guerre, le tout reste étonnamment cohérent et chaleureux. Le décor éclectique se teinte de Néo-renaissance, puis d'Art Nouveau, puis d'Art Déco. Détail amusant: les toilettes au fond de l'établissement présente une porte qui fait communiquer les deux moitiés, idéal pour organiser une rencontre galante à l'abri des regards...


( Source )

Le Falstaff (50°50'51.74" N 4°20'59.56" E )

De l'autre côté de la Bourse, le Café Falstaff a ouvert ses portes en 1903. Si sa devanture originale est de Emile Houbion, le résultat actuel - devanture et intérieur - est une superposition d'Éclectique, d'Art Nouveau et d'Art Déco. Il a été classé en 2000 et, après quelques vicissitudes, il a réouvert ses portes en 2017:



L'Espérance (50°51'10.19" N 4°21'18.95" E)

À deux pas de la Rue Neuve, dans un ancien quartier de prostituées, la Taverne L'Espérance a ouvert ces portes en 1930 au rez-de-chaussée de l'hôtel Espérence, tout deux réalisés par l'architecte Léon Govaerts. Si l'hôtel a été totalement rénové - à l'exception d'une chambre... très demandée parait-il! - la taverne a conservée son décor intime composé de divan vert, couleur de l'espérance, disposés le long d'un couloir central.


( Source )

L'Archiduc (50°50'56.69" N 4°20'51.08" E )

Dans la rue en face de la Bourse, l'Archiduc est un monument de la musique jazz! Derrière sa façade bleu, Madame Alice ouvre son établissement en 1937; mais avec ses successeurs en 1953 qu'il va devenir une légende. De nombreux grands noms sont passé entre ses deux colonnes et l'établissement continue à faire vivre cet héritage musical:


( Source )

La fleur en papier doré ( 50°50'34.38" N 4°21'02.69" E )

Dans une rue discrète entre le centre-ville et les Marolles, La fleur en papier doré est l'estaminet le plus authentique conservé à Bruxelles. Les centaines d'objets qui couvrent les murs (418 exactement) sont aussi nombreux que les histoires et les artistes qui s'y sont croisées. Ils participent à son son ambiance chaleureuse et intimiste inimitable! :


( Source )

De Hultieme Hallucinatie ( 50°51'26.94" N 4°22'04.05" E )

Le long de la Rue royale, peu avant l'église Sainte-Marie de Schaerbeek, se dresse depuis 1841 un hôtel de maître assez lambda à l'exception de son surprenant bow-windows Art-Nouveau. Cette curieuse superposition annonce le décor intérieur ajouté en 1904 par Paul Hermesse (au milieux de nombreuses autres modifications et agrandissement qui se sont étalés de 1877 et jusqu'à sa transformation en brasserie en 1980). Il est depuis lors possible de découvrir son décor domestique d'une richesse incroyable: 

Personnellement, grosse préférence pour le Greenwich. Et mention spéciale pour le Restaurant Vincent.

Juste à côté du piétonnier, en bas de la Rue du Marché aux Poulets, une petite merveille Art Nouveau méconnue passe totalement inaperçue au dessus de vitrines insipides: l'Ancien Grand Magasin de Blanc. 

Construite en 1897 dans le style éclectique fortement tinté de Néo-Renaissance, sa particularité est qu'une bonne partie de la façade est recouverte de céramique, et en particulier les trumeaux du 3ème étage ornés de panneaux de céramique que l'on doit à Henri Privat-Livemont. Cet artiste, qui s'est illustré principalement dans les affiches et le sgraffites, n'avait rien à envier à Mucha. Malheureusement, il reste souvent catégorisé comme "Éclectique" et non "Art Nouveau" et donc passé sous silence malgré son talent:


( 50°50'55.79" N 4°21'03.07" E )


( Source )


( Source )


( Source )

En ce moment, de nombreuses personnes se rendent sur une tombe du cimetière de Laeken... mais pas pour rendre visite En effet, chaque solstice d'été, à midi, l'oculus de la tombe Evrard-Flignot projette un coeur à l'intérieur de l'édifice. Cet effet qui n'apparait que quelques jours par an est volontaire.

La tombe se trouve dans le secteur 17 (à côté du Penseur de Rodin):


( 50°52'48.50" N 4°21'15.92" E )


( Source )


( Source )

Ce phénomène hors du commun laisse le penseur pensif.

Aussi surprenant que ça puisse paraitre, Bruxelles n'a pas de beffroi, ou plutôt n'a plus de beffroi. 

Avant d'aller plus loin, soyons clair sur sa définition: le beffroi est une tour construite pour abriter le ban ou bancloque, la cloche symbolisant les libertés communales - car elle permet d'appeler la population aux délibérations communales, les exécutions capitales ou l'avertir d'un danger - sans devoir recourir aux cloches des église et donc au pouvoir ecclésiastique (même si dans de nombreux cas, cette cloche laïque pend place dans un clocher). La tour conserve aussi précieusement les chartes communales qui confirment cette liberté communale.
Par extension, la tour a pris le rôle de tour de guet (pour prévenir plus vite d'un danger); et à vite accueilli une horloge (pour que la division du temps ne soit plus celle imposée par les messes) et un carillon (pour pouvoir varier la partition selon le message à passer).

À Bruxelles, la clocher de l'église Saint-Nicolas jouait le rôle de beffroi vu sa proximité avec la Grand-Place. Précision importante: la tour de l'hôtel de ville n'a jamais été fait pour accueillir une cloche ou servir de tour de guet étant donné sa forme complexe. L'histoire du beffroi est toutefois chaotique et émaillée de drames: cité pour la première fois en 1289, il s'effondre une première fois en 1367, puis est ravagé par les flammes comme le reste du centre-ville en 1695 et s'effondre définitivement en 1714. La tour est rasée et le projet de reconstruction ne verra jamais le jour du fait de la Révolution. La façade, sans tour, a été refaite en 1959 mais l'emplacement disponible pour une éventuelle reconstruction est toujours visible sur le trottoir:


( 50°50'52.48" N 4°21'04.68" E )

La dernière apparence du beffroi de Bruxelles, de sa reconstruction en 1697 à son effondrement en 1714:


( Source )

Le beffroi de Bruxelles n'existe plus... toutefois, l'image de la tour associée au pouvoir communale - tour qui s'oppose aux clochers du pouvoirs ecclésiastiques et aux donjons de la noblesse - reste profondément inscrite dans l'inconscient belge. Ainsi, sur les 19 communes qui composent la Région de Bruxelles-Capitale, 8 maisons communales possèdent une tour qui reprennent ce symbole:

Anderlecht (inauguré en 1879):


( 50°50'20.81" N 4°19'45.12" E )

Evere (1938):


( 50°52'20.01" N 4°24'11.74" E )

Forest (inauguré en 1938):


( 50°48'40.02" N 4°19'09.06" E )

Laeken (inauguré en 1912):


( 50°52'35.36" N 4°20'51.35" E )

Saint-Gilles (inauguration en 1904):


( 50°49'29.53" N 4°20'43.35" E )

Schaerbeek (première inauguration en 1887):


( 50°52'03.49" N 4°22'25.19" E )

Woluwe-Saint-Lambert (1938):


( 50°50'37.41" N 4°25'34.00" E )

Woluwe-Saint-Pierre (dessiné en 1949 et inauguré en 1975):


( 50°50'12.47" N 4°25'38.28" E )

La fameuse avenue Louise - l'artère la plus chère de Bruxelles, célèbre pour ses boutiques de luxe - possède une étonnante particularité administrative: sur ses premiers 200m, la rue se partage entre trois communes. Et là, il faut suivre: du côté Sud-Ouest, les maisons et le trottoir du côté droit se trouvent sur la commune de Saint-Gilles; les maisons et le trottoir du côté Nord-Est se trouvent sur la commune de Ixelles; et la rue entre les deux se trouvent sur la commune de Bruxelles    Emprunter les passages pour piétons vous faits donc changer 2 fois de commune en 12m

Pour être plus clair, une carte de la Région bruxelloise. On voit le goulot d'étranglement au centre (et oui, Ixelles à bien été coupée en deux par la création de l'Avenue Louise):



Depuis la Place Louise: à gauche, c'est Ixelles; à droite, c'est Saint-Gilles et entre les deux, c'est Bruxelles:


( 50°50'05.56" N 4°21'22.27" E )