L'assassinat des arènes romaines de Fréjus


Ce topic ne parle pas d'un assassinat qui aurait eu lieu dans les ruines antiques des arènes de Fréjus. On y parle bel et bien de la destruction de ces ruines, et le pire, c'est que ça s'est déroulé sous la houlette du Ministère de la Culture.

Les arènes romaines de Fréjus (Forum Julii) ont été bâties tardivement (fin du Premier siècle, début du 2ème). Elles offraient 10.000 places.

43°26'4.24"N  6°43'43.44"E


Du temps de la splendeur.

www.ville-frejus.fr


Les combats de gladiateurs y ont été interdits au 4ème siècle par l'Empereur Constantin Ier (310-337), et l’amphithéâtre s'est transformé en carrière à ciel ouvert. Une léproserie s'y est installé au 16ème siècle dans ce qu'il restait de l'amphithéâtre. En 1634, c'est au tour d'un couvent dominicain d'utiliser les lieux. Au 19ème siècle, Victor Hugo puis Prosper Mérimée s’intéressent à l'édifice, et le sauvent d'une destruction totale. Mais la situation n'était pas bien brillante début du 20ème siècle.

Au cours des années 50

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A SUIVRE

Jamais visité ... je vais le regretter maintenant 

Ainsi donc, près de 2000 ans après leur construction, les arènes de Fréjus n'étaient pas en très bon état.

Et c'est là qu'intervient le Ministère de la Culture, via la Direction Régionale des Affaires Culturelles de PACA.

On parle alors de travaux de consolidation sur un monument très dégradés car toujours utilisé. De tels travaux avaient été menés à la fin du 19ème siècle.

De 2003 à 2007, des fouilles sont réalisées sur le site. Elles permettent de mettre à jour la fosse creusée jusqu'au milieu de la piste qui permettait aux gladiateurs et aux fauves de surgir au milieu de l'arène.


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Puis on sort l'artillerie lourde pour sauver ce témoin de la vie gallo-romaine. Le Directeur régional des Affaires Culturelles l'affirme : « le projet préserve l’intégrité du monument et son architecture initiale ». Nous voilà rassurés. Le projet est conduit par l'architecte en chef des monuments historiques, Francesco Flavigny, connu pour être plutôt mesuré. Alors tout va bien.

En fait, on se trouve confronté à un processus de désinformation, mis en place sciemment par le ministère de la Culture, avec l'aide notoire de la municipalité de Fréjus. Et ça fonctionne à merveille : les associations locales, endormies par le nuage de fumée, ne se réveillent que lorsque le chantier a pris des proportions inimaginables.

Le résultat est à la hauteur du ministère de l'inculture.


www.lexpress.fr


Pas l'impression d'être dans une arène antique.

Photo Winnie avril 2015


Coursive supérieure : j'ai pris la photo où il y avait le moins de béton, pour faire authentique...

Photo Winnie avril 2015


Depuis l'extérieur : impossible d'avoir un point de vue sans  béton...

Photo Winnie avril 2015


Une vue SV éloquente !



Au final, les arènes antiques ont été noyées dans le béton, et on ne voit quasiment plus rien... Seules les coursives du rez-de-chaussée permettent de se plonger un peu dans le passé.

Photo Winnie avril 2015


Le résultat achevé est bien loin de l'image des arènes du temps de leur splendeur, contrairement à ce qu'annonçait la propagande du Ministère.

On a été scandalisé lorsque les talibans ont fait sauter les Boudhas de Bâmiyân en Afghanistan, en 2001 (>> voir ici <<). Là, entre nous, on est dans la même veine.


Le projet décrit par le Plan Patrimoine Antique

Modèle numérique de l’amphithéâtre de Fréjus : état actuel	Modèle numérique de l’amphithéâtre de Fréjus : phase 2

L'architecte en chef des monuments historiques, Francesco Flavigny, parlait « d’une enveloppe protectrice qui planera au-dessus des ruines mais ne les cachera en rien ». Il annonçait aussi : « Il s'agit d'une valorisation du monument. La structure contemporaine en béton va protéger toutes les ruines des dégradations ». Avec un peu de bol, le béton utilisé sera pourri, et dans 15 ans, on rasera tout.

A l'évidence, ils voulaient construire un stade modulable. Ça aurait sans doute coûté moins cher de faire ça sur un terrain vierge.

Je vous conseille la lecture de l'excellent article Patrimoine en danger : un énorme scandale voit le jour à Fréjus dans le département du Var, paru le 06/09/2010 sur www.associations-patrimoine.org.

Et dire que les arènes ont été classées Monument historique en 1840...

C'était le coup de gueule de winnie, qui n'en revient toujours pas.

Tu as raison, Winnie, c'est honteux, ce gâchis.
Il y en a certains qui devraient perdre des galons dans cette entreprise mais évidemment le "crime" restera impuni, comme toujours.

Mouais...

Désolant, affligeant.

Un peu ce qu'ont fait les autorités tunisiennes à Carthage ou à Utique, où l'on voit les renforts en béton qui dénaturent la beauté des lieux.

Il y avait certes de la consolidation à effectuer mais un bon architecte aurait pu trouver des solutions moins dégradantes.



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Dans l'histoire, les protestations ont peut-être eu raison du projet définitif.

En effet, je m'aperçois que le résultat actuel, c'est la phase 1, et que la phase 2, qui terminerait d'assassiner le moribond, n'est pas effectuée.


Source : Plan Patrimoine Antique

Modèle numérique de l’amphithéâtre de Fréjus : phase 1	Modèle numérique de l’amphithéâtre de Fréjus : phase 2

Enfin, on ne va vraiment pas crier victoire : si l'intérieur de l'arène (les gradins) en est à la phase 1, les murs extérieurs en sont bien à la phase 2.

Mais rassurons-nous, les protagonistes de l'affaire n'ont pas dit leur dernier mot.

Après cette affaire, le Directeur régional des Affaires Culturelles de l'époque est par la suite devenu conseiller pour la culture du maire de Paris (Bertrand Delanoë), puis directeur des affaires culturelles de la ville de Paris. Mais là, au bout de 8 mois, il a été mis au placard (peut-être voulait-t-il rééditer son exploit dans les arènes de Lutèce...). Finalement, au début de l'année 2014, cet énarque a été nommé directeur de l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville.

Tous aux abris !...

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