Géographie de l'ovalie française

Ce sujet n'a rien à voir avec le topic "Eloge du cercle (100% GE)".

Ici, on parle rugby à XV, avec l'accent du sud-ouest. Ça sent le cuir, le camphre et l'herbe mouillée. La bechigue est facétieuse dans ses rebonds, les poteaux ne sont jamais assez hauts. On se colle des bourre-pif dans les regroupements, mais on se réconcilie lors de la 3ème mi-temps.



Pour cette petite géo du rugby français, on va partir de la situation actuelle, avant d'aller voir assez loin dans le passé pour voir comment ça a évolué.

Au palmarès du championnat de France, créé en 1892, le Stade toulousain est en tête du bilan avec 19 titres. Viennent ensuite le Stade français, avec 13 titres étalés sur 3 siècles (19ème, 20ème et 21ème siècle), l'AS Béziers avec 11 titres (dont 10 acquis entre 1971 et 1984 !)...


www.theguardian.com

Saison 2014-2015

L'élite du rugby français, c'est le Top 14. Les prétendants à la montée jouent quant à eux en Pro D2.



La France du Top 14 est nettement coupée en deux.



Et la Pro D2 est encore davantage axée sur le sud-ouest. La Pro D2, championnat national ou régional ?



2014-2015 : Top 14 (entre parenthèse, la capacité des stades)

Aviron bayonnais (Bayonne) - Stade Jean-Dauger (16 934)
Union Bordeaux Bègles - Stade Jacques Chaban-Delmas (34 694)
CA Brive- Stade Amédée-Domenech (13 979)
Castres olympique - Stade Pierre-Antoine (11 500)
ASM Clermont - Stade Marcel-Michelin (18 030)
FC Grenoble - Stade des Alpes (20 068)
Lyon Olympique Universitaire - Matmut Stadium (11 807)
Montpellier HR - Altrad Stadium (14 700)
US Oyonnax - Stade Charles-Mathon (11 400)
Stade français (Paris) - Stade Jean-Bouin (20 000)
Racing Métro 92 (Colombes) - Stade olympique Yves-du-Manoir (14 000)
Stade rochelais (La Rochelle) - Stade Marcel-Deflandre (15 000)
RC Toulon - Stade Mayol (15 820)
Stade toulousain (Toulouse) - Stade Ernest-Wallon (19 500)


2014-2015 : Pro D2, 16 équipes

SU Agen - Stade Armandie (14 000)
SC Albi - Stadium municipal (12 058)
Stade aurillacois (Aurillac) - Stade Jean-Alric (10 000)
AS Béziers - Stade de la Méditerranée (18 555)
Biarritz olympique - Parc des sports d'Aguiléra (15 000)
CS Bourgoin-Jallieu - Stade Pierre-Rajon (9 441)
US Carcassonne - Stade Albert-Domec (10 000)
Colomiers rugby - Stade Michel-Bendichou (11 000)
US Dax - Stade Maurice-Boyau (16 170)
RC Massy Essonne - Stade Jules-Ladoumègue (3 200)
Stade montois (Mont-de-Marsan) - Stade Guy-Boniface (10 000)
US Montauban - Stade Sapiac (12 600)
RC Narbonne - Parc des sports et de l'amitié (12 000)
USA Perpignan - Stade Aimé-Giral (14 593)
Section paloise (Pau) - Stade du Hameau (13 800)
Tarbes Pyrénées - Stade Maurice-Trélut (15 000)

Le kml indiquant l'emplacement précis des stades : http://www.petit-fichier.fr/2015/02/20/rugby-a-xv-saison-2014-2015/

Avec les logos des équipes cela serait mieux comme Toulon

Salut

Peut-être que la pratique et la passion du rugby dans le sud-ouest est liée à la présence des Anglais pendant de nombreuses années en Aquitaine ( guerre de 100 ans ) , l’occupant a bien du " semer " ses gènes parmi la population locale car honnêtement car il me semble que pour aimer un jeu ou l'on doit avancer en portant un ballon ( même pas rond ) mais en le jetant vers l'arrière , faut avoir du sang Anglais quelque part .
Voila c'était la petite analyse matinale et à 2 balles de Mac Cany .

Bien que beaucoup soutiennent que l’ancêtre du rugby n'est pas la soule il y a quand même des éléments et des similitudes dans le jeu qui peuvent y faire penser .
La soule était ( et encore aujourd'hui ) pratiquée surtout en Normandie et Picardie , Guillaume le conquérant envahit l'Angleterre , la soule met un pied en Angleterre .
Plus tard le rugby fut inventé ( 1823 par William Webb Ellis ) et tout aussi surprenant que cela puisse paraitre , le premier club de rugby Français fut au Havre puis les 2 suivant à Paris et enfin le premier dans le sud-ouest fut à Bordeaux .

En attendant cet après-midi je vais voir :




Que le meilleur gagne !

Doop83 a écrit:

Avec les logos des équipes cela serait mieux comme Toulon

Nan, car...

Mac Cany a écrit:

En attendant cet après-midi je vais voir :

Et comme Toulon s'est fait hara-kiri, il n'y aura pas le logo du RCT.

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On part dans les profondeurs du championnat de France de rugby. Comme l'a fait remarquer Mac à juste titre, c'est à Paris qu'on trouve les premières traces du ballon ovale.

De 1892 (1er championnat) à 1898, le championnat de France est en fait un championnat d'Ile de France (ce qui ne veut pas dire qu'on ne joue pas au rugby ailleurs sur le territoire).


En 1892, les deux seuls équipes sont parisiennes :  Racing club de France et Stade français. On remarquera que 123 ans plus tard, on retrouve ces deux noms dans le Top 14 ! L'arbitre de ce 1er championnat n'est pas un inconnu : c'est Pierre de Coubertin, restaurateur des Jeux Olympiques.

Ce premier match se déroule à Bagatelle, dans le Bois de Boulogne, à deux pas de l'hippodrome de Longchamp.

La Plaine de jeux de Bagatelle. Sur la gauche, l'île de Puteaux.  48°52'16.60"N  2°14'37.60"E


Les saisons suivantes :

Saison	Nombre d'équipes	Equipes
1892-1893	5 (4 à Paris, 1 à Asnières)	Racing club de France (Paris) Stade français Club athlétique de l'Académie Julian (Paris) Cercle pédestre d'Asnières (Asnières-sur-Seine) (1) Inter-Nos (Paris)
1893-1894	5 (3 à Paris, 2 à Asnières)	Stade français Racing club de France Inter-Nos (Paris) Association Sportive d'Asnières Cercle Pédestre d'Asnières.
1894-1895	4 (toutes à Paris)	Stade français Racing club de France Cosmopolitan Club Olympique (2)
1895-1896	5 (toutes à Paris)	Racing club de France Stade français Cosmopolitan Club Olympique Union Sportive de l'Est
1896-1897	6 (toutes à Paris)	Stade français Racing club de France Union Athlétique du Ier Cosmopolitan Club Union Sportive de l'Est Olympique
1897-1898	6 (toutes à Paris)	Stade français Racing club de France Union Athlétique du Ier Cosmopolitan Club Ligue Athlétique Olympique

(1) Le Club athlétique de l'Académie Julian était composé en majorité d'anglophones venus étudier la peinture à Paris, dont un international néo-zélandais, Thomas Ryan.

(2) A noter que l'Olympique conte dans ses rangs Jean-Baptiste Charcot, l'explorateur polaire qui n'est alors qu'étudiant et soutient sa thèse de médecine cette année-là.


La saison 1898-1899 est le premier vrai championnat hexagonal : le champion de Paris (Stade français) rencontre le champion de Province (Stade bordelais).

Les infos manquent un peu, et je ne suis pas sûr d'avoir déniché toutes les équipes en lisse :

• Stade français
  
• Racing Club de France
  
• Olympique
  
• Cosmopolitan Club
  
• Ligue Athlétique
  
• Union Athlétique du Ier arrondissement
  

      --------

• Stade Bordelais
  
• S.O.E. Toulouse
  
• FC Lyon
  

En 1899-1900, le championnat de France s'élargit encore et regroupe les huit vainqueurs des championnats régionaux :

• Champion de Paris : Racing club de France
  
• Champion du Nord-Ouest : Le Havre Athletic Club
  
• Champion du Centre-Ouest : Vélo Sport Chartrain
  
• Champion du Sud-Est : Football Club de Lyon
  
• Champion des Alpes : Stade grenoblois
  
• Champion du Sud : Stade Olympien des Étudiants de Toulouse
  
• Champion du Sud-Ouest : Stade Bordelais Université Club
  
• Champion du Littoral : Olympique de Marseille
  

A SUIVRE

En 1900 ont lieu les Jeux Olympiques de Paris. Pierre de Coubertin, qui a arbitré le première finale du championnat de France, en profite pour introduire le rugby aux J.O.

Seules 3 équipes participent au Tournoi : la France (sélection parisienne), l'Allemagne (représentée par l’équipe de Francfort) et l'Angleterre (représentée par une équipe de Birmingham).

France-Allemagne comme si vous y étiez.

wikipedia.org

La France bat l'Allemagne par 27 à 7, puis l'Angleterre par 27 à 8 (les anglais, qui avaient joué la veille à Birmingham, ont voyagé toute la nuit !).

Les équipes terminent sur le podium dans cet ordre.

Les matchs se jouent au vélodrome de Vincennes (vélodrome Jacques Anquetil). Un siècle plus tard, le terrain est toujours dédié au rugby !

48°49'34.51"N  2°24'42.01"E

On va terminer la phase de préhistoire.

De 1900 à 1906,  la France est divisée en 3 régions : région Seine, région Garonne et région Rhône. Le champion de province (Garonne et Rhône) est opposé au champion de la Seine pour le titre.

En 1906, la région Loire est ajoutée aux 3 autres régions.

Pour la saison 1913-1914, une première phase voit s'affronter les vainqueurs de 16 régions (Languedoc, Littoral, Côte d'Argent, Côte basque, Paris ...), d'où sortent 8 équipes réparties en deux poules. Les vainqueurs de chaque poule se retrouvent en finale.

Jusqu'à la Première guerre mondiale, le rugby français est dominé par le Stade français et le Stade bordelais.

Le palmarès entre 1892 et 1914, histoire de localiser les places fortes de l'ovalie :

• Stade français : 8 titres
  
• Stade bordelais : 7 titres
  
• Racing club de France : 3 titres
  

soit 18 titres sur 23.

A partir de 1900, avec l'ouverture du championnat, on voit arriver de nouvelles équipes, avec Tarbes (Stadoceste tarbais), Bayonne (Aviron bayonnais), Perpignan, RC Toulon, La Rochelle, Nantes, Romans, Poitiers, Compiègne, Périgueux, Chalon-sur-Saône, Limoges, Le Mans...

Pour fixer un peu les idées, deux petites cartes (France et région parisienne) des équipes qui ont participé au championnat de France entre 1892 et 1914. Cette liste n'est pas exhaustive, et certaines équipes n'ont fait qu'une apparition éphémère.




(je ne garantis pas la localisation parfaite des équipes parisiennes)

Parmi les joueurs du Stade bordelais, on notera la présence de Marc Giacardy, 6 fois champion de France, 1 fois international face à l'Angleterre, tombé le 28 août 1917 à la Ferme-de-Mormont près de Verdun.

A Perpignan, Aimé Giral (qui a donné son nom au stade de la ville), ainsi que 6 de ses coéquipiers, disparaissent également lors de la Première guerre.

Au Stade français, on croise Allan Muhr, joueur américain, 2 fois champion de France, international avec l'équipe de France. Il est également joueur de tennis, et endosse le rôle de capitaine de l'équipe de France de tennis en Coupe Davis 1912, 1922 et 1923. Il épaule Pierre de Coubertin pour l'organisation des J.O. de 1924 à Paris, et Frantz Reichel (un autre joueur de rugby parisien, capitaine de la sélection française lors des J.O. de 1900) pour les J.O. d'Hiver de Chamonix la même année.
Déporté par les nazis, il meurt de faim le 29 décembre 1944 dans le camp de concentration de Neuengamme (près de Hambourg).


Quant aux finales, contrairement à aujourd'hui, on délocalise. De 1900 à 1914, on en joue 4 sur le terrain du Stade bordelais, au Bouscat (actuel stade Sainte-Germaine)...

44°52'14.77"N  0°37'3.75"W

... 4 à Toulouse (Prairie des Filtres, puis au stade des Ponts Jumeaux, qui restera le stade de rugby de Toulouse jusqu'en 1980), 3 au Parc des Princes (Paris), 1 à la Faisanderie (Saint-Cloud)  et 2 au stade du Matin à Colombes (devenu depuis le stade olympique Yves-du-Manoir).  

48°55'46.00"N  2°14'53.00"E

On parle de rugby, en France qui plus est... et on oublie d'évoquer Charles Brennus !

Alors, on va vite réparer cette erreur.

Charles Brennus (1859-1943) s'appelait en fait Brennus Ambiorix Crosnier. Ça, c'est un vrai nom de gaulois, non ?

Il était graveur ciseleur.

Son œuvre la plus célèbre, le  Bouclier de Brennus, date de 1892 et a été réalisée à partir d'un dessin de Pierre de Coubertin. Le bouclier, Graal de tout rugbyman, a été remis à l'équipe championne de France dès la premier titre.


http://davidolivier.unblog.fr

Et pour faire plaisir à Doop83, je scotche une photo de son équipe fétiche lorsqu'elle parvient au Nirvana.

ledauphine.com

En 1895, il fonde le Sporting club universitaire de France rugby (SCUF), qui sera vice-champion de France en 1911 et 1913. Brennus y joue jusqu'en 1900. Il a alors 41 ans.

Le SCUF joue au stade Max-Rousié, à la Porte de Saint-Ouen.  48°53'58.91"N  2°19'28.21"E

En 1949, avant que le périphérique parisien ne soit ouvert.


En 2007, le terrain d'origine existe toujours, mais en version stabilisé. Un stade avec piste d'athlé a été construit à côté.


Aujourd'hui, le terrain d'origine a laissé la place à des logements.


Lorsque la Fédération française de rugby est créée en 1919 (en remplacement de l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques), Charles Brennus en devient le Président d'honneur.


www.finalesrugby.com

Après l'expérience olympique de 1900, la France se dote d'une véritable équipe de France qui joue son premier match officiel au Parc des Princes le 1er janvier 1906, face aux Originals (les futurs All Blacks de Nouvelle-Zélande).

En 1910, le Tournoi britannique de rugby à XV devient le Tournoi des Cinq Nations. Pour cette première participation française, les bleus perdent leurs 4 matchs. Ils jouent à domicile au Parc de Prince (8.000 et 10.000 spectateurs).

De 1906 à 1914, l'équipe de France dispute 28 rencontres internationales et remporte une seule victoire (contre l'Ecosse, en 1911).


http://rugby-pioneers.blogs.com

De 1911 à 1913, l'équipe de France compte dans ses rangs un véritable athlète, Pierre Failliot, surnommé l'autobus.

Il a détenu les records de France du 200 m, 300 m, 400 m (le record a tenu 20 ans !), 500 m, 110 m haies, 400 m haies (meilleur mondial en 1911). Il a en outre été vice-champion olympique au relais 4 × 400 m de 1912.

En 1913, il termine ses études en sortant diplômé de l'École centrale Paris (sans doute l'école d’ingénieur la plus côté en France) !


http://rugby-pioneers.blogs.com

Après cette petite partie d'archéologie rugbystique, on va essayer de faire une photo du rugby français tous les 10 ans, sauf dans les cas de modification du championnat.

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Après la Première guerre mondiale, le championnat reprend ses droits pour la saison 1919-1920.

On garde  une structure proche de celle apparue en 1913 :

• lors du 1er tour, les 24 champions régionaux s'affrontent en match unique.
  
• lors du 2ème tour, les 12 équipes sorties du 1er tour s'affrontent de nouveau en match unique
  
• les 6 équipes sorties de ces 2 tours s'affrontent en 2 poules de 3 équipes
  
• le vainqueur de chaque poule de demi-finale part en finale.
  

Toutefois, certains comités régionaux étant plus forts que d'autres, certains comités obtiennent 2 places pour le premier tour.

Ce qui est très étonnant, c'est que dès 1919, on retrouve des équipes qui sont toujours présentes aujourd'hui en Top 14 et Pro D2 !

La carte des 24 équipes qui ont participé au 1er tour : Olympique de Paris, Racing CF, CA Périgueux, Le Havre AC, US Perpignan, Grenoble, US Dax, Auch, Stade Bordelais, CA Bègles, Poitiers, Aviron Bayonnais, Nantes, Rochefort, Toulouse OEC, Stade Toulousain, Brive, Stadoceste Tarbais, Bergerac, RC Toulon, FC Lyon, Chalon sur Saône, AS Béziers, Oyonnax.



Les équipes qualifiées pour le 2nd tour. Une certaine ressemblance géographique avec le Top 14 actuel, non ?


A noter que 2 équipes de Toulouse, 2 équipes des Paris et 2 équipes de Bordeaux (Stade bordelais et Bègles) sont présentes au second tour.

winnie a écrit:

Après cette petite partie d'archéologie rugbystique, on va essayer de faire une photo du rugby français tous les 10 ans, sauf dans les cas de modification du championnat.

On n'aura pas attendu longtemps pour voir une modif.

Pour le championnat 1923-1924, on oublie le tour préliminaire, et on part sur 6 poules de 5 équipes.

Les deux premiers de chacune de ces poules est qualifiée pour les quarts de finale (4 poules de 3 équipes).

Le vainqueur de chacune des 4 poules se retrouve en demi-finale... puis finale.

Les 30 équipes sur la ligne de départ :
SO Avignon, AS Béziers, US Cognac, Stade hendayais, Stade toulousain Aviron bayonnais, RC Chalon-sur-Saône, FC Grenoble, RC Narbonne, CA Périgueux
SC Albi, FC Lézignan, Section paloise, Stade Poitiers, Racing CF
AS Bayonne, Stade Bordelais, AS Carcassonne, FC Lourdes, Olympique de Paris
CA Bègles, US Perpignan (champion 1921), AS Soustons, RC Toulon, Toulouse OEC
SU Agen, Biarritz olympique, SA Bordeaux, Stade français, Stadoceste tarbais


On note quelques concentrations assez nettes.

Dans le pays Basque, on trouve 2 équipes à Bayonne (Aviron bayonnais et AS Bayonne) + Biarritz + Hendaye.

Sur Bordeaux, on a 3 équipes : Stade bordelais, SA Bordeaux et CA Bègles.

A Paris, on est également à 3. : Olympique de Paris, Stade français et Racing Club de France.

Et toujours 2 équipes à Toulouse (Stade toulousain et Toulouse olympique employés club, alias OEC), et une belle concentration dans le Languedoc et le Roussillon (Béziers, Narbonne, Lézignan, Carcassonne, Perpignan)



Les poules ne sont pas du tout géographiques. On est davantage dans une logique de tête-de-série. Ainsi, les 3 équipes parisiennes sont dans 3 poules différentes, idem pour les équipes de Bordeaux, Toulouse...


Les 12 équipes qualifiées dans les poules de quart-de-finale.





Pour info, en demi-finale, le Stade toulousain bat l'AS Béziers 3 à 0, et l'US Perpignan se défait du Stadoceste tarbais 10 à 0.

En finale, Toulouse bat Perpignan par 3 à 0 (et ça se joue à Bordeaux, au Parc Lescure (devenu depuis le Jacques-Chaban-Delmas).

Le championnat de France des années 20 se déroule sous un schéma identique : on démarre avec des poules (30 équipes en 1924-25, puis 36 en 1925-26, pour se stabiliser à 40 équipes à partir de 1926-27), et de ces poules sortent les 12 équipes qualifiées pour les poules de quart de finale.

On voit arriver de nouvelles équipes qui remplacent numériquement celles qui se retrouvent en 2ème ou 3ème série.

Les nouveaux arrivants :

1924-1925
Arlequins Perpignan (on a donc 2 équipes sur Perpignan)
US La Teste
Stade Bagnères (Bagnères de Bigorre)
SC Mazamet
SC Angoulême
Le Boucau Stade

1925-1926
Stade Châteaurenard
UA Libourne
US Bergerac
AS Montferrand (Créée en 1911, l'Association sportive Michelin devient l'AS Montferrand, suivant les directives de la loi fédérale anti-publicitaire)
US Montauban ("On ne devrait jamais quitter Montauban...")
CASG Paris (Club athlétique de la Société générale)

1926-1927
SU Cavaillon
CS Pamiers
CA Villeneuve (Villeneuve-sur-Lot)
US Quillan

1927-1928
Aucune

1928-1929
CS Vienne
Saint-Girons SC
US Fumel Libos (alliance de Fumel et Monsempron-Libos)

1929-1930
NAC Roanne







Mais lors de la saison 1930-1931, c'est le grand schisme du rugby français. A SUIVRE dans le prochain message.


En attendant, c'est l'occasion de jeter un œil au palmarès depuis la reprise du championnat, au retour de la Grande Guerre.
Sur les 11 titres distribués :

• le Stade toulousain en obtient 5,
  
• l'USA Perpignan 2,
  
• et 1 titre pour le Stadoceste tarbais, la Section paloise, le SU Agen et l'US Quillan.
  

Parmi les finalistes, on notera la présence du Stade toulousain (6 fois), l'USA Perpignan (4 fois), l'US Quillan (3 fois), l'Aviron bayonnais (2 fois), et 1 fois pour le Stadoceste tarbais, le Racing club de France, l’US Carcassonne, le Stade français Paris, la Section paloise, le FC Lézignan et le SU Agen.

Dans le palmarès des années 20 (voir ci-dessus), on pourra légitimement s'étonner de la présence de Quillan (3 présences en finale, avec le titre de champion de France 1929). Quillan est alors une bourgade de 3800 habitants. L'équipe de rugby est soutenue par Jean Bourrel, industriel du chapeau (chapeaux Thibet). Il fait venir des joueurs des autres clubs (Perpignan, puis Toulouse, Carcassonne, Lézignan). En deux ans, il fait venir 8 internationaux à Quillan, créant la première équipe professionnelle... à une époque où le professionnalisme est proscrit.


Le stade Jean Bourrel de Quillan.  42°53'11.93"N  2°11'32.28"E



Les ateliers de Quillan en 1900.

www.belcaire-pyrenees.com


Par ailleurs, le rugby français vit une période très violente. Lors d'un match entre Perpignan et Quillan le 20 mars 1927, le talonneur de Quillan, Gaston Rivière, est évacué inconscient sur une civière suite à une mêlée effondrée. Il meurt peu après d’une fracture d’une vertèbre cervicale.

Autre drame : le 4 mai 1930, lors d'une demi-finale entre Pau et Agen, l'ailier d'Agen Michel Pradié est plaqué à retardement. Évacué, il souffre d'un grave déplacement de la colonne vertébrale et meurt dans la nuit.


Les conséquences de cette ambiance se font sentir dès la saison 1930-1931. On vit alors le grand schisme du rugby français : 12 clubs (dont 7 anciens champions de France) décident de quitter le giron de la Fédération française de rugby, lui reprochant d'avoir laissé s'installer le professionnalisme ("l’amateurisme marron"), et de n'avoir pas su éradiquer la violence sur les terrains.

Ces 12 équipes se retrouvent au sein de l'Union française de rugby amateur (UFRA). Leur championnat s'appelle "le tournoi des douze".



Les clubs qui ont fait sécession : Stade français, Stade toulousain, Stade bordelais, Aviron bayonnais, Biarritz olympique, AS Carcassonne, Section paloise, US Perpignan, FC Lyon, FC Grenoble, SUA Limoges, Stade nantais.

On remarquera qu'il s'agit d'équipes de grandes villes.

Les Douze sont rejoints courant 1931 par le Stadoceste tarbais et l'US Narbonnaise (concurrent du RC Narbonne)..


Le championnat de France, sous l'égide de la FFR, continue avec 40 équipes. Les équipes dissidentes sont donc remplacées.




Les équipes nouvelles : Nay, Pézenas, US Bressanne (Bourg en Bresse), Bort, Valence, Oloron, Thuir, Stade Illibérien (Elne), Tyrosse.

Et là, on note qu'il s'agit en grande partie d'équipes de village.

Décidément, la saison 1930-1931 est cauchemardesque pour le rugby français.

Le  3 mars 1931, la France est exclue du tournoi des Cinq Nations.

Le board britannique met en avant le professionnalisme en cours dans les clubs français (paiement des joueurs, recrutement inter-clubs) et le jeu violent développé tant en club qu'en équipe de France (notamment le France-Pays de Galles de 1930, de sinistre mémoire).

La France avait intégré le Tournoi en 1910. Jusqu'à la Guerre, elle ne compte qu'une seule victoire en 20 matchs.

Le Tournoi reprend en 1920. La France ne joue pas vraiment aux avant-postes : entre 1920 et 1931, en 48 matchs, elle ne gagne que 11 fois. Elle termine 5 fois à la 5ème place, 3 fois 4ème, 1 fois 3ème et 3 fois 2ème.

Le stade de Murrayfield (Édimbourg, Écosse ) en 1925

www.espnscrum.com

La France est de nouveau admise dans le Tournoi pour l'édition 1940, mais le Tournoi n'a pas lieu à cause de la Seconde Guerre mondiale. Le Tournoi ne reprend qu'en 1947.

Les mésaventures de l'équipe de France me rappelle un bon mot d'Oscar Wilde : "Le rugby est un bon moyen pour envoyer trente brutes loin du centre-ville."

Pour la saison 1932-1933, le championnat de France revient à la normale. En effet, les équipes qui avaient fait sécession pendant deux ans reviennent dans le giron fédéral.

Ainsi, le championnat qui comportait 40 équipes va se retrouver à 54 !

Le championnat est organisé en 6 poules de 9 équipes (et on notera un effort pour créer des poules davantage géographiques que par le passé). Le premier de chaque poule est qualifié pour les poules de demi-finales.




Comme d'habitude, mises à part 4 équipes à Paris, les 54 autres équipes du championnat sont dans la moitié sud.



Poule A : SC Albi, FC Auch, Le Boucau Stade, CS Pamiers, Section paloise, AS Soustons, Stadoceste tarbais, Toulouse OEC, US Tyrosse
Poule B : SU Agen, Aviron bayonnais, SA Bordeaux, Stade bordelais, US Dax, UA Gujan-Mestras, Stade Hendayais, FC Lourdes, Stade Nay
Poule C : SC Angoulême, AS Bayonne, CA Bègles, US Bergerac, Biarritz olympique, UA Libourne, FC Oloron, CA Périgueux, Peyrehorade Sports
Poule D : AS Bort, CA Brive, AS Carcassonne, US Montauban, RC Narbonne, Arlequins Perpignan, US Quillan, US Thuir, Stade toulousain
Poule E : AS Béziers, FC Grenoble, FC Lyon, CS Oyonnax, US Perpignan, Stade Pézenas, RC Toulon, Valence Sportif, CS Vienne
Poule F : CASG, SAU Limoges, Lyon OU, AS Montferrand, SS Primevères, Racing CF, NAC Roanne, FC Saint-Claude, Stade français


Parmi les nouvelles équipes, on signalera le SS Primevères, club du grand magasin parisien « Le Printemps ».

Les concentration d'équipes :
4 équipes à Paris (CASG, SS Primevères, Stade français et Racing club de France),
3 sur Bordeaux (SA Bordeaux, Stade bordelais et CA Bègles),
3 sur Perpignan (Arlequins, US Perpignan et Thuir)
2 sur Toulouse, (Toulouse OEC et Stade toulousain),
2 sur Lyon (FC Lyon et LOU),
et une sacrée densité dans l'extrême sud-ouest.


Pour info, les qualifiés pour les poules de demi-finales sont l'Aviron bayonnais, le RC Toulon, le RC Narbonne, le Lyon Olympique Universitaire,  l'UA Libourne et la Section paloise.

Et finalement, c'est Lyon qui va à dame.