Il y a quelques jours, j'ai vu un film qui m'a bien secoué : C'est assez bien d'être fou. Il a été réalisé par Antoine Page.

Antoine Page et le dessinateur-peintre Bilal Berreni (alias Zoo Project) partent en voyage entre la Franche-Comté et Vladivostok dans un un antique camion Mercédès... qui finira par rendre l'âme dans les plaines kazakhs. Ils termineront leur périple en train.

Lors de ce voyage, Bilal peint sur le mur d'une ferme, sur des palissades, sur les murs d’usines abandonnées, sur le dernier bateau rouillé de la Mer d'Aral, sur des containers prêts à partir pour un voyage de plusieurs milliers de kilomètres.

La bande annonce du film, histoire de se mettre dans l'ambiance.



A SUIVRE

Ce film va me plaire, j'en suis certain.

On va continuer cette histoire par la fin.

Ces immeubles font partie du complexe Frederick Douglass Apartments.  

42°20'47.79"N 83° 2'39.81"W


42°20'41.27"N 83° 2'39.32"W


On est à Detroit, ville en faillite, ville abandonnée. C'est là que Billal est venu peindre en 2012, dans ce qui ressemble à une jungle urbaine peuplée de laissés-pour-compte. Et à 23 ans, en juillet 2013, il a fait une mauvaise rencontre dans ces immeubles.

La police a retrouvé son corps au pied de l'une de ces tours, une balle dans la tête. Mais personne ne savait de qui il s'agissait. Finalement, il n'a été identifié qu'en mars 2014, après 8 mois passés à la morgue.

En septembre 2014, trois jeunes âgées de 17 à 20 ans ont été inculpés pour ce meurtre. Un quatrième, âgé de 14 ans, pourrait être ajouté à la liste.

Lors de l'audience préliminaire du 11 septembre 2014, le Procureur a déclaré : « Qu'un jeune artiste talentueux qui avait traversé la planète pour vivre sa passion ait été assassiné ici me rend malade, parce que cela renforce les clichés sur notre ville de Detroit ».

Il va donc être temps de faire connaissance avec l’œuvre de Bilal.

source


pour les curieux cliquez ICI

Ainsi donc, Bilal Berreni a fait ses armes de peintre urbain dans les rues de Paris. La majorité de son œuvre a été réalisée sur les murs d'immeubles ou de bâtiments voués à une prochaine démolition. Résultat : sur Street View, la majorité de ses fresques a déjà disparu.

Après des heures de recherche, j'ai quand même fini par en dénicher quelques-unes.

Rue de Bagnolet, Paris.  48°51'24.35"N  2°23'43.75"E



Boulevard de la Villette, Paris.  48°53'4.12"N  2°21'56.16"E



Rue d'Avron, Paris.  48°51'8.05"N  2°24'11.90"E


Saint-Blaiz zoo, fresque datant de 2005 ou 2006 (Bilal avait alors 16ans). Le quartier avait alors une réputation déplorable, une sorte de cage aux fauves, d'où le titre de l'oeuvre, le "Saint-Blaiz zoo" 48°51'26.04"N  2°24'29.72"E


La même, en version complète.

www.summilux.net


Toute ressemblance avec l’œuvre BD d'Enki Bilal n'est pas fortuite.

www.delcampe.net


A SUIVRE, bien évidemment.

L'artiste dans ses œuvres


www.allcityblog.fr

Une vidéo de 21 minutes

Zoo Project - Paris from Antoine Page on Vimeo.

www.90bpm.net

Petite sélection de fresques parisiennes disparues. A toutes fins utiles, j'indique les coordonnées, des fois que les images historiques se développent pour Street View.

"un voyageur sans bagages n’a pas forcément la tête vide". Le Voyageur sans bagage est une pièce de théâtre de Jean Anouil
Rue de Savies, 75020 Paris. 48°52'17.45"N  2°23'27.37"E

www.summilux.net

"on est rarement ce que l'on croit être". Ça me rappelle un gugusse qui pensait à un truc, je ne sais plus quoi, et il y pensait pas seulement en se rasant. Me souviens plus du nom du gugusse en question...  
27, rue des Boulets, 75011 Paris.  48°51'3.51"N  2°23'24.18"E

www.summilux.net

"konakry". Il est ici fait référence aux massacres de Conakry ("Konakry") du 28 septembre 2009 (157 morts officiellement, quatre fois plus au moins selon les témoins, ainsi que des viols en pagaille) par les sbires du "Capitaine" Camara. Voir l'article de Human Rights Watch à ce sujet (lien). Comme on le voit, l'homme-oiseau s'en ait arraché le cœur.  
54, rue des Cascades, 75020 Paris. 48°52'19.50"N  2°23'26.63"E

www.summilux.net

Pas de tête, découpé en rondelles : l'image que certains décideurs se font du citoyen lambda, non ?
27, rue des Orteaux, 75020 Paris. 48°51'24.28"N  2°24'3.00"E

www.summilux.net

Rue des Mûriers, 75020 Paris. 48°51'51.31"N  2°23'29.36"E

www.unurth.com


Il y en aura bientôt d'autres !

Lors du printemps arabe, Bilal file en Tunisie. On est en mars 2011, et il est alors compliqué d'aller peindre sur les murs. Il finit par peindre sur des cartons. Il produit alors «Les Martyrs» : ce sont les les portraits grandeur nature des victimes des forces de l'ordre durant la révolution tunisienne.

Les photos suivantes sont issues du site http://zoo-project.com/tunis/













Une fresque pour finir.

très touchant, très percutant, bouleversant ce sujet ( et ce gamin ) 

En avril 2011, Bilal voit bien qu'on manigance pour récupérer son œuvre sur les martyrs de la révolution tunisienne. Il "fuit" donc cette révolution et part pour la frontière entre la Tunisie et la Libye. Il pose son sac au camp de Choucha. On y trouve ceux qui ont fui la guerre civile en Libye : africains (ivoiriens, sénégalais, libériens, tchadiens, somaliens...), mais également chinois, philippins, vietnamiens, pakistanais...

Ce camp a ouvert en février 2011, sa capacité maximale est de 15.000 personnes.  33° 8'20.92"N 11°27'39.79"E


Bilal est resté dans ce camp pendant 1 mois, jour et nuit (alors qu'en principe, seuls les réfugiés y restent la nuit).

Il achète de la peinture et des pinceaux à Ben Gardane, et se met à dessiner les réfugiés grandeur nature, faisant naître un engouement indéniable des habitants du camp. Sur ce bout de planète oublié, Bilal a redonné une identité à ceux qui ont out perdu.

Les photos suivantes proviennent du site http://zoo-project.com/choucha/.

Après son expérience tunisienne, Bilal revient à Paris, dans une ville qui lui semble bien calme après ce qu'il a vécu.

C'est l'occasion de scotcher quelques œuvres parisiennes glanées sur SV.

Dans le 10ème arrondissement, à langle des rues du Terrage et Blache. Trop tard, les sagouins sont passés par là...  48°52'37.58"N  2°21'49.94"E



Même panoramio est arrivé trop tard.

http://www.panoramio.com/photo/53292929


Dans le 20ème, Place Martin Nadaud. De nouveau, les sauvageons du pinceau sont passés par là. 48°51'54.55"N  2°23'36.15"E


Par chance, on retrouve la version d'origine du http://monsieurchat.free.fr



Toujours dans le 20ème, place Maurice Chevalier. Ça me rappelle la chanson Comme un arbre dans la ville de Maxime Le Forestier. 48°52'5.67"N  2°23'8.85"E



http://monsieurchat.free.fr



Rue du Soleil (20ème).  48°52'28.89"N  2°23'40.07"E



http://monsieurchat.free.fr