A la sortie du parc du
Yellowstone, dans la
Wapiti Valley. Imaginez, dressée sur une colline, une construction de bois à peine descriptible, haute de plus de vingt mètres et qui ne ressemble à aucune autre (et à rien d’ailleurs).
44°27'40.07"N 109°29'38.92"W
C’est un peu comme si on avait posé plusieurs maisons de bois les unes sur les autres, dans un empilement dont on ne parierait pas sur la stabilité.
Tous ceux qui passent par là ralentissent, en se demandant ce que c’est : un manoir fantôme, une pagode ou une mine désaffectée ?
L’architecte de cette construction biscornue est un ingénieur, aujourd’hui décédé.
Francis Lee Smith a consacré une bonne partie de sa vie à construire cette maison tout de même un peu folle, qu’il voulait s’intégrer parfaitement dans la vallée, où il rêvait d’installer sa famille.
Le travail d’une vie : il a commencé dans les années 1970, lui accordait toutes ses pensées, ses week-ends et ses soirées après le travail.
Il est mort sur le chantier, après une chute d’un balcon, en 1992, à l’âge de 48 ans.
Ses deux enfants ont eu le temps d’y vivre épisodiquement à ses côtés, sans eau courante et avec une électricité sommaire. Francis Lee Smith a construit sa « mansion » sans le moindre plan.
Il a enchevêtré un puzzle de pièces sans « vocation » (il n’y avait pas de chambre dédiée, les habitants dormaient successivement dans les pièces selon la température, l’une d’elle renfermait un hamac en bois et une autre un mini terrain de basket…).
Il a tout fait à la main, et récupéré des morceaux de bois brûlés par un incendie dans la forêt de Rattlesnake mountain, à Cody.
En vingt ans, depuis la mort de F.L., la maison est tombée en décrépitude et c'est un spectacle que ne supporte plus sa fille, Sunny Larsen, la trentaine, héritière du lieu.
Elle a décidé de lancer «
The Smith Mansion Preservation Project » pour sauver le projet de son père et le faire connaître auprès d’un grand public demandeur.
La mansion ne se visite pas; il y a même un écriteau « no trespassing » pour décourager les plus audacieux (mais apparemment, les jeunes du coin ont pour tradition de s’y retrouver le week-end et elle a été vandalisée à plusieurs reprises cette année).
Une
collecte de fonds a été ouverte sur internet et une grande journée a été organisée en juin 2012, pour inviter encore aux dons et présenter le travail du maître des lieux et il faut croire que cela a marché : des travaux ont démarré le 26 octobre dernier dans la Smith mansion.
Sunny Larsen espère d’abord la sauver, puis éventuellement en faire un jour un musée. Mais faut-il vraiment « sauver » une demeure privée improbable ou au contraire la faire disparaître du paysage ?
Photos :
smithmansion.org et
John Burcham, The New York Times