Sujet: [Chili] - Les Mapuches '' les gens de la terre'' Sam 26 Oct 2013 - 11:35
Régions du Chili ou vivent les Mapuches 38°45'57.14''S 72°35'18.43''W
Dans la langue « mapudungun », le mot « mapuche » signifie « les gens de la terre ». Au début du XIXème siècle, quand le Chili était encore une colonie espagnole, les Mapuches occupaient un territoire aussi grand que le Portugal, soit 100 000 km2, au centre du pays. De 1866 à 1927, ils ont été relégués sur 5 000 km2 de réserves, à peine plus de 5 % de leur territoire d’origine. D’après le recensement de 1992, ils seraient 928 000 au Chili. Les Indiens mapuches représentent 10 % de la population adulte du Chili. Les restrictions imposées sur leurs droits de propriété et l’appauvrissement ont été à l’origine d’un exode rural massif. Après 135 années d’afflux vers les villes, le plus souvent sous la forme d’un déplacement forcé, la moitié de cette communauté s’est concentrée à Santiago. Enfants compris, un habitant sur dix du Grand Santiago est mapuche. 200 000 vivent dans d’autres villes telles que Valparaiso ou Concepción. Pour la majorité des Chiliens, cependant, un Mapuche est un paysan qui vit en communauté dans les terres de l’Araucanie, une région du sud, et qui lutte pour sa terre. Les autres sont ignorés et discriminés. Aujourd’hui, 40 % seulement de la population mapuche vit sur ses territoires ancestraux. Plus ou moins consciemment, pourtant, la mentalité collective chilienne continue à la percevoir au travers de stéréotypes qui font obstacle à son insertion dans la société chilienne. Les médias contribuent largement à entretenir une image négative des Mapuches. Des siècles de colonisation La violation systématique des droits de l’homme dont est victime le peuple mapuche a commencé avec l’arrivée des conquistadores espagnols. Ce sera la vision ethnocentriste et raciste, guidée par une ambition effrénée d’enrichissement de la part des Européens qui justifiera le génocide de plus de 60 millions de personnes dans ce « nouveau monde ». La résistance de ce peuple contre l’invasion de son territoire va se prolonger pendant plus de trois cents ans, et les Mapuches parviendront à obtenir certaines garanties pour le respect de leurs droits fondamentaux face à la couronne hispanique. Le pacte de Quillin signé en 1641 reconnaît l’indépendance du territoire mapuche depuis le fleuve Bío Bío jusqu’au sud du pays. L’indépendance du Chili et la création d’un État en 1810 changent les relations entre les Mapuches et les descendants des conquistadores. En 1826, l’État chilien signe le traité de Tapiweh avec la nation mapuche reconnaissant un territoire limité par une frontière naturelle : le Bío Bío. Mais dès les premières années, la toute nouvelle république met en place un dispositif de lois et une politique de colonisation qui aura pour conséquence une guerre brutale au cours du xixe siècle. Vers 1883, les Mapuches perdent leur liberté et leur territoire en faisant face à une armée chilienne professionnelle et puissante. Commence dès lors une campagne de violation constante des droits fondamentaux. Au moyen d’une politique d’éradication, de déracinement et d’assimilation forcés, l’État chilien continue le processus de colonisation et d’extermination des Mapuches. Le système des « réserves », copie intégrale du modèle nord-américain, est mis en place par divers gouvernements jusqu’en 1925, année au cours de laquelle les derniers natifs sont parqués dans la zone de Cautin. Le mode de vie Mapuche, ayant pour base la possession communautaire des terres, se voit bouleversé par la contre-réforme agraire imposée par le régime militaire de Pinochet (mettant l’accent sur la propriété individuelle privée). Ce qui implique la perte de plusieurs milliers d’hectares de terre récupérés par des entrepreneurs latifundistes et par de grandes entreprises forestières.