l’île principale des Moluques, Halmahera 1°18'50.82''N 128°29'11.89''E

Une nouvelle espèce de rat,
Halmaheramys bokimekot, a été découverte à Wallacea, précisément dans les Moluques. Ce muriné omnivore possède des poils durs comme des épines sur son dos… et apprécie le beurre de cacahouètes. Grâce à lui, une zone de transition a été localisée sur la ligne de Wallace. Quelques explications s’imposent.
Voilà à quoi ressemblerait le rat Halmaheramys bokimekot vivant. Il faut noter la présence des poils formant des épines sur son dos (traits plus foncés) et la petite taille relative de sa queue. © Jon FjeldsåIl existe sur notre planète plus d’une vingtaine de régions marquées par un important
taux d’endémisme, et elles sont mises à mal par les activités anthropiques. Ne représentant que 1,4 % des
terres émergées du globe, ces zones abriteraient cependant 44 % des
espèces de plantes vasculaires et 35 % des espèces de
vertébrés tétrapodes (oiseaux,
reptiles,
mammifères et amphibiens). Parmi elles figure Wallacea, une entité biogéographique comprise entre l’Asie et l’Australie, majoritairement composée de territoires indonésiens, à savoir les petites îles de la Sonde, les Célèbes et les
Moluques.
Cette région a reçu son nom au début du XX
e siècle en hommage à Alfred Russel Wallace, un naturaliste britannique que certains présentent comme le codécouvreur de la
théorie de l’évolution, avec son correspondant régulier depuis l’Indonésie,
Charles Darwin. Il est également célèbre pour avoir découvert puis défini une frontière zoogéographique entre deux régions bien définies. À l’ouest se trouve la région indomalaise où la
faune terrestre a des origines asiatiques (les mammifères sont placentaires, par exemple), tandis qu’à l’est les animaux ont plutôt une origine australienne (les mammifères sont des
marsupiaux).
Pourquoi reparler de cet homme et de ses théories ? Tout simplement car des études
génétiques ont confirmé l’existence et la pertinence de sa démarcation en 2012, et que la découverte d’une nouvelle espèce de mammifère vient de montrer qu’il existe au moins une zone de transition entre les deux régions. L’animal en question est un
rat, trouvé à proximité de la ville de Boki Mekot sur l’île principale des Moluques, Halmahera. Il vit donc sur un territoire où la
déforestation et l’industrie minière pèsent lourdement sur les
écosystèmes. Ce muriné a été décrit en détail dans le
Zoological Journal of the Linnean Society, avec Pierre-Henri Fabre du
Center for Macroecology, Evolution and Climate (université de Copenhague ; Danemark) comme principal auteur.

Le rat
Halmaheramys bokimekot se caractérise également par la présence de trois paires de papilles mammaires sur son abdomen, tandis que le rat domestique (
Rattus norvegicus) en possède six. © Pierre-Henri Fabre
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