L'astronaute italien Luca Parmitano raconte dans le détail ce qui s'est passé lors d'une sortie écourtée à l'extérieur de la station spatiale internationale.
Le 16 juillet dernier, les astronautes Luca Parmitano et Chris Cassidy avaient dû écourter en urgence une sortie dans l'espace à l'extérieur de la station internationale (ISS) à cause d'une grave avarie dans le scaphandre autonome de l'astronaute italien. Luca Parmitano, qui est toujours en orbite, a raconté sur son blog cet épisode terrifiant, pendant lequel il a bien failli mourir noyé à cause d'une fuite d'eau dans son casque. Ce pilote d'essai de l'armée de l'air italienne a été envoyé sur l'ISS le 28 mai dernier par l'Agence spatiale européenne (ESA) pour une mission de longue durée.
L'incident encore inexpliqué s'est produit le 16 juillet, seulement une heure et demi après le début de la deuxième sortie dans l'espace, qui aurait dû durer au moins 7 heures. «La sensation inattendue d'avoir de l'eau sur la nuque me surprend et je suis dans un endroit où je préférerais n'avoir aucune surprise», a raconté Parmitano. Il explique avoir averti par radio son compagnon de sortie, l'astronaute américain Chris Cassidy et la base de Houston.
«Je sens tout à coup que la température du liquide est trop froide pour être de la sueur et j'ai la sensation distincte qu'elle s'accroît en volume», poursuit l'astronaute âgé de 36 ans dans son stupéfiant récit. Le centre de contrôle de la sortie extra-véhiculaire à Houston lui donne rapidement l'ordre de mettre un terme à la sortie. Mais alors qu'il abandonne ses tâches en cours et se dirige vers le sas de la station, «la sensation que l'eau augmente devient une certitude». Il la sent qui recouvre les écouteurs et se demande s'il ne perdra pas le contact audio avec ses camarades.
- Citation :
- « Je ne sais pas si la prochaine fois que je respirerai, je réussirai à me remplir les poumons d'air ou de liquide »
Luca Parmitano, astronaute de l'Agence spatiale européenne
«L'eau recouvre presque toute la partie frontale du viseur à laquelle elle adhère, réduisant d'autant ma vision», se souvient-il. À un certain moment, pendant son pénible retour vers la station, il se retrouve avec toute «la partie supérieure du casque désormais pleine d'eau». En apesanteur, l'eau ne s'accumulait pas au fond du casque, mais se collait comme un film souple sur toutes les surfaces avec lesquelles elle était en contact.
«Je ne sais pas si la prochaine fois que je respirerai, je réussirai à me remplir les poumons d'air ou de liquide», poursuit-il, alors qu'il progresse le long de l'ISS, ne voyant qu'à quelques centimètres devant lui. Heureusement il se souvient à un moment du câble de sécurité qui le relie à la station et «le tire» vers la gauche. «Je m'impose de rester calme et avec patience je cherche en tâtonnant les poignées (du sas de recompression ndlr) tout en pensant en parallèle à comment faire pour éliminer l'eau si elle devait arriver à la bouche», explique-t-il. Il pense à éventuellement ouvrir la valve de sécurité près de l'oreille gauche qui pourrait créer une «dépressurisation contrôlée», même si «créer une brèche dans la combinaison spatiale est la dernière carte à jouer». Au bout de quelques instants, l'eau recouvre ses écouteurs et il n'entend presque plus les communications radio de son compagnon et du centre de contrôle.
Parvenu après quelques minutes «qui semblent durer une éternité» dans le sas qui fait la transition entre la station proprement dite et l'espace, il pense pendant la repressurisation: «si l'eau devait me submerger, je pourrais toujours ouvrir le casque: je perdrais probablement conscience mais ce serait toujours mieux que me noyer dans le casque». La repressurisation terminée, Luca Parmitano, sain et sauf, peut enfin rejoindre ses compagnons à l'intérieur de la station.
Les experts de la NASA ont lancé deux enquêtes différentes sur l'incident sans réussir pour le moment à en déterminer la cause. Ils pensent qu'il pourrait s'agir d'une fuite dans le système de refroidissement de sa tenue plutôt que dans la canule d'alimentation en eau potable reliée à son casque.
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