Sujet: [Canada] - Fortifications de Coteau-du-Lac Mar 27 Nov 2012 - 12:48
Les fortifications de Coteau du Lac 45°17'15.28''N 74°10'31.47''W
En 1783, l'Angleterre avait fini par se retirer du bourbier de la guerre de l'Indépendance américaine. Mais les plaies que s'étaient infligées réciproquement la vieille et la nouvelle nation restaient vives. Elles devaient maintenant vivre voisines. On comprendra que la méfiance mutuelle perdura.
En 1812, Napoléon avait réussi à mettre à ses pieds tous les pays d'Europe, à l'exception de l'Angleterre. Pour l'affaiblir dans son point fort qui était le commerce maritime, l'empereur français ordonna un blocus des Îles britanniques, auquel blocus l'Angleterre répliqua par un blocus continental. Les États-Unis d'Amérique se trouvant coupés du commerce avec l'Europe par cette guerre prirent le parti de la France, un peu en reconnaissance pour l'aide que celle-ci leur avait fournie dans la conquête de leur liberté et déclara la guerre à l'Angleterre. Bien entendu, ils livreraient bataille ici, en Amérique du Nord Britannique, en visant à prendre possession du Canada.
Au début du conflit, Thomas Jefferson, qui avait été le troisième président des États-Unis, écrivait à James Monroe, qui allait en être le cinquième: "La conquête du Canada, même jusqu'à Québec, sera cette année une simple promenade". Ça ne se passa pas ainsi. Le conflit dura trois ans et les Américains y encaissèrent de lourdes pertes.
La prévention de ce conflit ne se limita pas uniquement à faire des alliances. Le Canada s'équipa militairement. C'est dans ce contexte que Coteau-du-Lac bénéficia, encore une fois, des inimitiés anglo-américaines. La frontière internationale s'était dramatiquement rapprochée de chez-nous et la frontière du Haut-Canada, en pleine expansion, n'était qu'à dix milles (2.5 km). Cette guerre occasionna la construction chez-nous de fortifications, dont il ne reste plus grand chose, il est vrai, mais qui marquèrent notre histoire locale. Les activités du canal, et celles du "fort", couvrent plus de cent ans.
Une particularité à l'origine du fort de Coteau, c'était que le canal passait en son milieu et qu'il fallait prévoir qu'en tout temps il continuerait à fonctionner. Il y eut donc deux secteurs différents à y aménager en fort, un de chaque côté du canal, les deux reliés par un pont.
Quand on dit le mot "fort", le beau Fort de Chambly ou même la Citadelle de Québec nous reviennent à l'esprit. En ce sens, le Fort de Coteau-du-Lac peut décevoir, puisque ses remparts n'étaient que de terre, ce qui n'est pas contraire à l'art militaire. On comprend déjà que la construction des fortifications de Coteau-du-Lac fut réalisée plus facilement et plus rapidement que s'il avait fallu y ériger une forteresse.
Une photo aérienne du site met bien en évidence ces reliefs du terrain dans le secteur nord, dessinant des pointes comme celles d'une étoile en haut desquelles on maintenait des canons sur des plate-formes en madriers . Puis, dans le secteur sud, on remarque le bastion original en forme de trèfle. Cette pointe saillante s'avance tout près des rapides. De là on pouvait tirer du canon à bout portant sur quoi que ce soit de louche descendant le fleuve. Pour le rendre moins accessible, on l'hérissa de longs pieux au bout aiguisé disposés horizontalement comme une couronne, à la moitié de la hauteur de son escarpement. On répéta cette "fraise" à quelques endroits névralgiques des remparts-terrassements. Autour de la sortie est du canal, on dressa une palissade de pieux aiguisés.
Du côté terre ferme, au nord, on creusa un profond fossé qui offrit une protection accrue et fournit une bonne partie des matériaux servant à élever les remparts. Un pont enjambait ce fossé et menait à une entrée de dix pieds de large (3m) qui perçait le talus. Une solide porte appuyée à des poutres de bois fermait l'entrée. Non loin de là, un corps de garde, comprenant cinq cachots et un local pour "la police" du fort, contrôlait la circulation entre l'enceinte et l'extérieur.
À l'apogée de son existence, le fort de Coteau-du-Lac pouvait loger convenablement sur pied d'alerte"un officier supérieur, deux capitaines, quatre-cent-soixante hommes", et disposait de "dix-neuf stalles pour les chevaux".