Sujet: une aurore polaire croise le nuage le plus rare Mer 11 Sep 2013 - 14:23
Caithness Ecosse 58°25'56.67''N 3°31'25.06''W
Les nuages les plus rares et les plus hauts du monde ont rencontré une aurore boréale au mois d’août dernier. À Caithness, comté situé dans le nord de l’Écosse, l’astronome amateur Maciej Winiarczyk fut témoin d’un événement inhabituel. Le ciel était si clair qu’il s’est rendu en campagne, loin des lumières des villes avec l’idée de photographier la Voie lactée, censée être particulièrement visible dans la nuit du 4 au 5 août 2013. Or, le spectacle était ailleurs, dans la rencontre de deux événements extrêmes : des nuages noctulescents, c'est-à-dire ceux qui se forment à 80 km d’altitude, ont côtoyé une aurore boréale. Pour le plaisir des yeux, en voici le time-lapse, réalisé par Maciej Winiarczyk.
Décryptage de la vidéo : une probabilité de rencontre bien faible ! Nombre d’astronomes amateurs auraient souhaité être à sa place. Maciej Winiarczyk a eu la chance d’observer deux phénomènes tout à fait extraordinaires simultanément, à une latitude à laquelle il est d’autant plus difficile de les observer. La pointe du comté de Caithness se situe en effet à 58,25 °N. Les nuages que l’on observe dans la vidéo, au-dessus de la grande couche de nuages, se forment en très haute altitude (vers 80 km) et entre 50° et 70° de latitude. Mais les aurores polaires, elles, se forment le plus souvent dans la zone aurorale, comprise entre 65° et 75°. Il faudrait donc être à une plus haute latitude pour observer ces deux événements couplés. Une aurore polaire voit le jour à la suite d'une éruption solaire. Tous les 11 ans, le Soleil connaît un maximum solaire : les taches solaires , et donc les éruptions, sont plus fréquentes. Des masses importantes de matière sont alors éjectées dans l'espace et peuvent atteindre la magnétosphère terrestre. Cette enveloppe capture ces particules chargées et les dirige vers les pôles magnétiques. de la Terre Une fois entrées, les particules solaires réagissent avec certains gaz et produisent les couleurs que l’on observe dans les aurores. Si l’été 2013 aurait dû être un pic d’activité du Soleil, il est resté particulièrement faible, atténuant alors la probabilité d’observer des aurores boréales, d’autant plus à aussi basse latitude. Les nuages stratiformes présents sur la vidéo avant l’apparition de l’aurore polaire sont nommés nuages noctulescents, soit « qui brillent dans la nuit ». Ce sont probablement les nuages les plus énigmatiques au monde. Ils se forment à 80 km de haut, dans la mésosphère. On les observe principalement en été, mais il faut que le Soleil se soit déjà couché. Ce sont en effet des nuages de glace, qui ne se voient pas en pleine journée. Pour devenir visibles, il faut qu’ils puissent réfléchir la lumière émise par le Soleil, par en dessous (voir schéma).